Cette nouvelle technique permet de construire des villes entières capables de résister aux forces destructrices de la nature, qu'il s'agisse de séismes, cyclones, déluges ou de volcans. Après l'horloge universelle, le Dr Loth Bounatiro est de nouveau doublement primé en or, lors de la dernière exposition internationale des inventeurs, tenue, le mois d'octobre dernier à Londres. La double distinction lui a été décernée pour avoir inventé une nouvelle technique de construction. L'Expression: Vous venez de recevoir deux distinctions de British inventors Society pour votre projet élaboré autour d'un nouveau mode de construction. En quoi consiste le projet? Loth Bounatiro: Ce projet, fruit de 5 ans de recherche, est intitulé «La construction para-catastrophes naturelles et environnementale». Il consiste en l'élaboration de nouveaux procédés de construction assurant un maximum de sécurité contre les différentes catastrophes naturelles, telles que les séismes, les inondations, les cyclones ainsi que les volcans et les foudres. A ce que je sache, des projets, disons similaires, ont été exposés dans d'autres pays, à l'exemple du Japon et des USA. Quelle est la nouveauté apportée dans votre projet? Mon projet est primé pour deux aspects qui constituent sa singularité. Il s'agit tout d'abord, de l'aspect design dans lequel mon projet propose de nouvelles formes de construction qui marquent une rupture totale avec l'ancien mode de construction basé sur les formes carrées. Ceci, en suggérant comme alternative, des bâtisses avec des formes symétriques et sphériques qui assurent un meilleur niveau de résistivité aux diverses forces naturelles. Le deuxième aspect a trait à l'aspect environnemental, dans lequel mon projet s'est distingué sur trois critères relatifs au choix du site de construction, au choix des matériaux ainsi qu'au confort. Pourriez-vous nous donner plus d'explications? Physiquement parlant, les formes aérodynamiques permettent une répartition équitable du poids ou de la pression que peut subir une construction quelconque, qu'elle soit contorsion, cisaillement ou autre. A titre d'exemple, un mur sous forme de demi-cercle, disperse la force générée par un flux hydrique. C'est à cause de ça d'ailleurs qu'on construit des châteaux d'eau ronds. En bref, cette règle de résistivité des formes circulaires et tubulaires nous permet de construire des maisons, des immeubles et des villes entières capables de faire face aux forces destructrices de la nature, qu'il s'agisse de séismes, cyclones, déluges ou de volcan. J' ai été un peu inspiré, dans ce projet, par le style mauresque, connu pour ses arcs et ses formes semi-circulaires. Et concernant les volcans et les foudres, comment ce nouveau mode de construction peut-il s'en prémunir? Le projet de la construction para-catastrophes naturelles et environnementale, prévoit l'utilisation de nouveaux matériaux ignifuges inventés par une société canadienne. Les matériaux en question, ont été testés et ont fait preuve d'une grande résistivité. La technique canadienne utilise de nouveaux procédés consistant à construire des murs en double parois en fibre-ciment, séparées par un isolant de mousse en plastique. Ces nouveaux matériaux et procédés nous permettent de bâtir des habitations à l'intérieur desquelles, la température est toujours constante. Ce qui nous permet de réaliser des gains en énergie puisque l'utilisation des climatiseurs et du chauffage va se réduire énormément. C'est sur ce point-là, précisément, que j'ai reçu la distinction environnementale. Cela en plus du fait que les formes circulaires assurent un meilleur éclairage à l'intérieur des bâtisses, on réalise un autre gain en énergie électrique. Etant un spécialiste en astronomie, comment avez-vous pu réaliser un aussi important exploit qui traite en premier lieu de l'architecture? Partant du fait que l'astronomie est le carrefour des sciences, je me suis intéressé à tous les domaines scientifiques. Mon intérêt s'est porté surtout sur la sismologie en raison de la récurrence des phénomènes sismiques dans notre pays qui a fait l'objet de plusieurs catastrophes naturelles, à l'exemple du déluge de Bab El Oued. C'est ce fait-là, exactement, qui m'a incité à créer un département de gestion des catastrophes naturelles au niveau de l'université de Blida avant de procéder à l'élaboration de ce projet de construction para-catastrophes naturelles et environnementale. Quant aux aspects architecturaux, j'ai fait recours aux services d'un bureau d'études spécialisé en la matière. Il s'agi de Batir, une Sarl établie à Blida et avec laquelle j'ai travaillé en étroite collaboration en vue de mettre sur pied ce nouveau mode de construction. Avez-vous reçu des offres allant dans le sens de commercialiser ou du moins de concrétiser votre projet? Pas encore. Le projet est encore récent et les deux distinctions que j'ai reçues à son sujet remontent à deux mois seulement. Mais en ce qui concerne l'horloge universelle j'ai reçu des offres d'achat étrangères de mon brevet d'invention que je n'ai pas accepté parce qu'elles ne sont pas à la hauteur de mes attentes. Au cours de vos longues recherches, avez-vous bénéficié d'aides de la part des instances en charge de la promotion de la recherche scientifique dans notre pays? L'environnement de la recherche scientifique en Algérie est des plus décourageants si bien que la majorité des chercheurs sont partis à la recherche d'autres cieux plus cléments. Hormis l'exploitation des laboratoires de l'université de Blida où j'enseigne depuis plusieurs années, mes deux inventions sont le fruit de mes propres contacts avec des chercheurs et des universités étrangères. Je n'ai reçu aucune aide de la part des autorités concernées, mais ce qui fait mal au coeur, surtout, c'est le fait de ne pas être reconnu dans mon propre pays. Les distinctions et les reconnaissances nous parviennent de l'étranger alors qu' en Algérie, nous sommes complètement ignorés. C'est un drame pour un inventeur de ne pas être reconnu dans son pays.