Le mot d'ordre de grève, lancé par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) pour les 6 et 7 septembre, a été diversement suivi à travers les communes de la wilaya d'Alger. Faisant suite au premier préavis de grève lancé les 7 et 8 juin denier, et reportée pour cause de séisme, cette action se veut une action de force en direction des autorités. “Nous avons fait appel aux principaux responsables, à commencer par les présidents d'APC, le wali, avant d'interpeller le ministère du commerce, mais en vain”, nous confie M. Richane Mokhtar, secrétaire général de l'Ugcaa. La rencontre du 26 août dernier, initiée par le ministère du Commerce “en vue de rechercher les voies et moyens consensuels pour la prise en charge des préoccupations exprimées”, n'a pas donné les résultats escomptés. En réponse à leurs revendications, concernant notamment l'éradication du marché informel ou le dégrèvement du passif fiscal induit par “l'insécurité due à la décennie noire”, les délégués se sont vu répondre par un communiqué paru dans la presse que “la proposition faite alors par la tutelle de créer des groupes de travail, fut jugée comme une tentative de gagner du temps” par les syndicalistes, qui décidèrent de mobiliser leurs troupes. Coïncidant avec le premier jour des épreuves du baccalauréat, cette grève est diversement appréhendée par les acteurs de la vie civile. Si la plupart des commerçants ayant baissé rideau se disent “heureux de la prise de conscience générale des problèmes de la corporation”, d'autres, à l'instar de ce libraire de la rue Ben-M'hidi, estiment que “cette grève est vaine, tant il est évident que seuls les décideurs sont à même de dénouer l'écheveau du marché illicite”. Cette action s'apparente à un “coup d'épée dans l'eau”, poursuit ce commerçant qui craint les dérapages que pourrait induire cette action. Le risque semble avoir été mesuré par les responsables syndicaux qui ont dû intervenir pour annuler une marche improvisée en fin de journée par les commerçants de La Casbah. “Nous tenons à rester dans le cadre de la légalité”, affirme M. Ameur Arezki, secrétaire exécutif chargé des affaires sociales au sein de l'Ugcaa, qui dresse un bilan positif de cette première journée de protestation. “Le fait d'avoir bloqué les principales rues de la capitale, que ce soit La Casbah, Ben-M'hidi ou Mohamed-Belouizdad est une réussite en soi, même si d'autres communes ont moins suivi pour des raisons de communication et de moyens”, affirme-t-il. C'est le cas de la commune de Ben Aknoun où l'activité commerçante semblait très normale. “Nous n'avons pas été informés de cette grève”, prétend ce commerçant qui se dit “prêt à baisser rideau dès qu'il aura reçu des directives de son syndicat” . Concernant la grève des taxieurs que d'aucuns dissocient à tort de celle des commerçants, M. Slimani, président de la section syndicale des taxieurs au sein de l'Ugcaa dira : “Nous sommes des artisans qui décrions la nouvelle réglementation en vigueur, instaurée par le ministère des Transports”. Les tarifs abusifs qui sanctionnent directement les citoyens, l'interdiction au jumelage, l'imposition d'une ligne privilégiée contrairement au passé sont des décisions qui seraient d'ordre à augmenter le temps d'attente dans les stations, entraînant des désagréments pour les usagers, et un déficit budgétaire certain pour les chauffeurs de taxis, soutient M. Slimani, qui notera, au passage, une moyenne globale de 80% en terme de suivi. Même si le service minimum a été assuré à hauteur de 10%, aussi bien par les taxieurs que par les commerçants, c'est une journée assez particulière qu'ont vécue certaines communes. “Le but n'est pas de créer une situation de désordre, et c'est dans cette perspective que nous avons donné ordre aux boulangers, épiciers et restaurateurs de rester ouverts pour ne pas perturber la vie de la cité et en particulier des candidats au bac”, insiste M. Richane Mokhtar. Et c'est dans l'espoir d'une réaction de la tutelle à même de surseoir à la décision de rééditer la journée de protestation pour demain, qu'une permanence est assurée au sein du siège de l'Ugcaa. L'espoir d'une solution à court terme est palpable chez ces syndicalistes qui espèrent être enfin entendus. D. L.