L'auteur de L'Islam tolérant ou intolérant?, Mustapha Cherif, docteur d'Etat ès Lettres en philosophie, ancien ministre de l'Enseignement supérieur, ex-ambassadeur d'Algérie au Caire, a été reçu samedi 11 novembre, à sa demande, par le pape Benoît XVI, pour un entretien théologique sur l'Islam. Cette entrevue -hors de l'ordinaire- d'une demi-heure, qui a eu lieu dans le bureau personnel du pontife a porté sur le dialogue interreligieux. Rencontre inédite, qui intervient à deux semaines du déplacement du pape, pour la première fois en Turquie, un pays musulman qui frappe à la porte de l'Union européenne. Le pape m'a écouté avec beaucoup d'attention, beaucoup de bonté, et il y a eu un véritable échange, a dit le philosophe algérien, qui avait demandé une audience au pape, il y a de cela plusieurs mois, avant le discours prononcé à l'université de Ratisbonne en Allemagne, discours qui a provoqué tension et polémique à travers les pays musulmans. L'islamologue Mustapha Cherif, l'un des fondateurs, en France, du groupe de dialogue islamo-chrétien (Gaic), qui, lors d'une conférence de presse organisée par l'Association des journalistes de l'information religieuse, à Paris, déclare que le dialogue chrétiens-musulmans est d'abord religieux, pas culturel: me placer avec les non-croyants est pour moi un recul, l'Islam est le troisième rameau monothéiste a estimé auprés du pape, que le dialogue interreligieux est le facteur décisif permettant defaire reculer la méconnaissance, le fanatisme, rappeler notre socle commun, relancer la réflexion sur nos différences et les défis communs et a proposé au souverain pontefice la tenue d'un colloque interreligieux sur le thème de la lutte contre la haine religieuse, la sensibilisation de la communauté internationale sur le caractère condamnable des offenses (...) contre les symboles sacrés des religions (...) dans le respect du droit de la liberté d'expression et la multiplication de groupes de dialogue et d'amitié islamo-chrétiens. Le pape Benoît XVI m'a dit qu'il partage pleinement nos soucis et soutient ces objectifs nobles, qu'il considérait l'Islam comme une grande religion et que nous devons témoigner ensemble de la dimension religieuse de l'existence et qu 'il réfutait la logique du choc des civilisations, a dit Mustapha Cherif Ma démarche est celle d'un théologien qui recherche le dialogue, qui refuse la polémique, Je lui ai dit que tout comme l'Evangile, le Coran demande aux croyants de pardonner, de faire preuve de patience et d'être miséricordieux, et le recours à la violence à titre collectif n'est autorisé qu'en cas d'agression dans des conditions strictes, comme le disait aussi saint Augustin, a précisé M.Cherif. Le pape «a approuvé le fait que chrétiens et musulmans ne doivent pas être concurrents mais alliés et amis». Au cours de cette audience d'une demi-heure, M.Cherif a remis au pontife une lettre originale de l'Emir Abdeldkader, envoyée en 1863 à l'archevêque d'Alger, Mgr Pavie où l'Emir Abdelkader explique au prélat, qui le remerçiait dans une lettre précédente d'avoir sauvé des prêtres catholiques, que cela faisait partie de la pratique de l'Islam. Le pape se rendra au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque, lors de sa visite en Turquie, a annoncé le Vatican. D'après le programme rendu public, le pape se rendra au mausolée de Mustafa Kemal après son arrivée à Ankara le 28 novembre en début d'après-midi. Il s'entretiendra ensuite avec le président du Directorat turc des Affaires religieuses, Ali Bardakoglu, chef du clergé musulman turc, qui avait jugé les propos du pape sur l'Islam très malheureux. Benoît XVI s'est déclaré le 17 septembre vivement attristé par les réactions suscitées par son discours sur l'Islam et la guerre sainte et a assuré que le texte qu'il avait alors cité, jugé offensant par les musulmans, n'exprimait pas son opinion personnelle.