Il y a lieu de s'attendre à des révélations fracassantes au sujet de cette affaire d'escroquerie à grande échelle. Cette procédure d'extradition avalisée par les autorités marocaines et portant sur le transfert dès aujourd'hui vers l'Algérie des trois principaux mis en cause dans l'affaire de détournement des 21milliards de dinars des fonds de la Banque nationale d'Algérie (BNA), constitue, d'emblée, un exemple de coopération indéniable entre les deux nations en matière de traitement des affaires judiciaires. Et de quelle affaire s'agit-il!? En somme, il est question d'une arnaque à grande échelle actionnée au détriment du Trésor public par des responsables indélicats au niveau de plusieurs agences de la BNA, et qui s'est traduite par la dilapidation de la somme colossale de 21,7 milliards de DA, comme cela a été confirmé par l'expertise judiciaire effectuée à ce sujet. Assurément, un tel préjudice causé à la BNA ne pourrait se faire jour sans la complicité de ses gestionnaires notamment au niveau de ses instances de contrôle. En ce sens, il y a lieu de s'attendre à des révélations fracassantes à la faveur de cette procédure d'extradition à partir du Maroc des trois mis en cause impliqués dans ce scandale financier hors pair. A.A en sa qualité de patron d'une société écran dénommée National Plus, A.R un des associés du patron ainsi que sa secrétaire M.H. Les trois prévenus ont été arrêtés en janvier dernier à Casablanca en vertu d'un mandat d'arrêt international lancé par la cour de Sidi M'hamed près la cour d'Alger, en décembre 2005. Ils ont été aussitôt transférés à la prison civile de Salé, non loin de Rabat, et maintenus prisonniers une fois que leur implication dans le scandale de la BNA a été démontrée sur la base d'un dossier complet sur les opérations de détournement orchestrées de 2002 à 2005 et aidés dans leur «sale besogne» par des complices occupant des postes de responsabilité au niveau de cette banque publique. Les décrets d'extradition du territoire marocain de ces trois détenus algériens, ont été signés le 12 octobre dernier par le chef du gouvernement marocain, M.Driss Jettou, après une procédure judiciaire qui aura duré trois mois. Quant à la genèse de cette affaire, elle remonte à l'année 2002, quand la BNA a fait état d'émission et d'encaissement de pas moins de 1940 chèques par la société National Plus signés de la main de son premier responsable le dénommé A.A. Le montant de ces chèques totalisant la somme de 21,7 milliards de dinars a été encaissé en espèces par les dénommés A.R et M.H qui sont les associés du patron de National Plus placés à la tête d'autres entreprises. En effet, selon des informations déjà rapportées dans les colonnes de la presse nationale, l'expertise judiciaire a démontré que les chèques encaissés ont été libellés au nom des sociétés Eurl Mimouna, Prodirom, National Plus, Bitomat et Nasin (ETP) sans pour autant que les mouvements de fonds de celles-ci ne soient mouvementés. Dans ce grand scandale financier, 17 personnes ont été déjà présentées devant le magistrat instructeur qui a délivré huit mandats de dépôt, notamment à l'encontre des adjoints des directeurs des agences BNA de Bouzaréah et de Cherchell, de même que deux responsables de cette même banque au niveau de Koléa. Parmi ces 17 personnes traduites devant la justice, de nombreux commerçants ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant que l'instruction de cette affaire d'escroquerie à grande échelle aboutisse. Laquelle instruction qui ne saura désormais s'inscrire dans le temps, maintenant que les principaux accusés dans cette affaire sont remis, dès aujourd'hui, entre les mains de la justice algérienne. Des éléments de la Dgsn ont été envoyés au Maroc en vue d'accompagner les trois prévenus. De plus, il n'est pas du tout exclu que les déclarations que feront ces trois mis en cause à la justice pourraient remettre à zéro le compteur de l'instruction judiciaire effectuée au sujet du scandale de la BNA. Cela pourrait aussi se traduire par d'autres implications, d'autres personnes jusque-là non identifiées et qui sont à compter parmi celles ayant encaissé des «pots de vin» en contrepartie de leur silence. Affaire à suivre...