Les décrets d'extradition ont été signés le 12 octobre dernier. Les trois agents de la BNA, accusés dans l'affaire de détournement de 20 milliards de dinars, ont enfin été extradés hier du Maroc. Les mis en cause étaient incarcérés depuis dix mois à la prison civile de Salé (près de Rabat). A.A.R, A.R et H.M, ont donc rejoint Alger. Cette opération, outre qu'elle confirme la «bonne tenue» de la coopération judiciaire algéro-marocaine, elle ouvre de nouvelles perspectives devant la justice algérienne. En effet, il est entendu que cette extradition est intervenue après un travail de procédure complexe effectué par le département de la Justice en collaboration avec la police nationale et Interpol. Ainsi, depuis hier, l'on peut annoncer que cette affaire où sont impliquées 17 autres personnes va enfin dévoiler tous ses secrets. Il faut savoir que les décrets d'extradition du territoire marocain des trois Algériens, notamment le principal accusé dans cette affaire, A.A.R, ont été signés le 12 octobre dernier par le chef du gouvernement marocain, M.Driss Jettou. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice marocains ont également apposé leur paraphe sur les trois décrets. La Cour suprême marocaine, saisie par le ministre de la Justice sur ce dossier, avait approuvé le principe de l'extradition. La haute juridiction marocaine s'est basée sur l'accord de coopération judiciaire signé entre l'Algérie et le Maroc en 1963. Un accord qui ne laisse aucune chance aux trois prévenus. Les trois Algériens (A.A.R, A.R et H.M), impliqués dans l'affaire du détournement de plus de 20 milliards de dinars au détriment de trois agences de la BNA, ont été arrêtés, début janvier dernier à Casablanca où ils se sont installés depuis leur fuite, par la police judiciaire marocaine à la demande d'Interpol sur la base d'un mandat d'arrêt international lancé contre eux par la justice algérienne. C'est le tribunal de Sidi M'hamed qui avait, en décembre 2005, émis un mandat d'arrêt international contre plusieurs personnes impliquées dans cette affaire, notamment les trois mis en cause pour, entre autres délits, détournement de deniers publics, faux et usage de faux et émissions de chèques sans provision. Le document d'extradition du territoire marocain porte notamment sur les délits d'«émission de chèques sans provision, faux et usage de faux, et détournement de deniers publics». Outre les trois prévenus, dix sept autres personnes sont impliquées dans cette affaire de détournement de deniers publics au détriment de la Banque nationale d'Algérie à travers ses agences de Cherchell, Bouzaréah et celle de Koléa d'où toutes les opérations délictueuses étaient orchestrées. Dans cette affaire, qui remonte à l'année 2004, l'expertise comptable effectuée par la BNA a établi que près de 1 946 chèques ont été émis et encaissés sans garantie par la «National Plus», la société écran du principal accusé, A.A.R. Selon le dossier d'accusation, des personnes impliquées dans cette affaire sont actuellement en fuite en Europe, notamment en Grande-Bretagne. Enfin, la justice marocaine devrait statuer sur le cas d'un quatrième Algérien impliqué dans cette affaire, S.B, arrêté au mois de mai dernier à Casablanca, et placé en détention préventive à la prison de Salé.