Neuf mois après sa prise de fonction, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a prononcé, hier, sa déclaration de politique générale. Toute la classe politique sénégalaise attendait ce discours, étant donné qu'il est le premier du genre après l'élection d'Ousmane Sonko à la tête du gouvernement. Il est attendu, selon les médias sénégalais, sur «plusieurs sujets, comme le chômage des jeunes, le coût élevé de la vie, la situation économique du pays ou encore la consolidation de la démocratie sénégalaise», a-t-on souligné. Selon toujours les médias locaux, la prononciation de la déclaration de politique générale a «été reportée à plusieurs reprises. Le bouillant Premier ministre avait refusé, en juin, de se présenter devant le Parlement, dominé à l'époque par un camp qui lui était hostile», et la raison qui a été souvent soulevée, c'était «l'affaire des irrégularités dans le règlement intérieur de l'Assemblée nationale, ce qui avait donné lieu à plusieurs semaines de bras de fer entre l'Exécutif et le pouvoir législatif», précise-t-on. Il faut rappeler que le nouveau pouvoir a présenté, durant le mois d'octobre, un plan «de développement pour les cinq prochaines années inscrit dans une stratégie à 25 ans», soutient-on. Les experts sénégalais ont expliqué à propos de ce plan qu'«il s'inscrit dans une stratégie censée rompre avec ce que Sonko a appelé le cercle vicieux de (la) dépendance et du sous-développement» et tenir la promesse de changement systémique pour «laquelle elles ont été élues», et d'ajouter : «Sonko a rappelé, fin septembre, avoir trouvé les comptes dans un état catastrophique, avec un déficit budgétaire de 10,4% du PIB et une dette publique de 76,3% du PIB. L'indice de développement humain du pays est parmi les 25 plus faibles au monde», affirme-t-on. Ousmane Sonko a annoncé, en outre, qu'il «déposerait un projet pour abroger la loi d'amnistie de l'ex-président Macky Sall couvrant les faits relatifs aux trois ans de violences politiques entre 2021 et 2024 qui avaient fait des dizaines de morts», a-t-il expliqué. Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a aussi souligné, lors de son discours de politique générale devant les députés, qu'«en plus de l'inscription budgétaire de crédit destiné aux victimes, il sera proposé à votre auguste Assemblée dans les semaines à venir un projet de loi rapportant la loi d'amnistie votée le 6 mars 2024 pour que toute la lumière soit faite et les responsabilités établies de quelque bord qu'elles se situent». Sonko a assuré qu'il ne «s'agit pas d'une chasse aux sorcières, encore moins de vengeance (...) il s'agit de justice, pilier sans lequel aucune paix sociale ne peut être bâtie». Ousmane Sonko fait face à un véritable test politique, ses soutiens sont fort d'une volonté à même de défendre son plan et son programme qui s'arc-boute sur un principe qui fait de la justice sociale un leitmotiv. Sonko doit aussi convaincre comment il mettra «en œuvre l'Agenda national de transformation 2050, la feuille de route de l'Exécutif en matière de politiques publiques», affirment les experts sénégalais dans le domaine économique. Ils affirment aussi qu'Ousmane Sonko «va insister notamment sur le développement des pôles territoriaux pour décentraliser l'économie du pays, la bonne gouvernance ou encore la formation professionnelle. Ce dernier point est particulièrement attendu dans un pays où le taux de chômage dépasse les 23% et pousse à la migration de nombreux Sénégalais». Sonko promet, selon les experts de l'économie sénégalaise, de «réformer le Sénégal du sol au plafond. Pêle-mêle, le plan «Sénégal 2050» promet de mieux lutter contre la corruption, miser sur les ressources naturelles, transformer le modèle agricole, réindustrialiser le pays ou encore développer une assurance-maladie à l'échelle nationale. Le gouvernement entend également atteindre «100% d'accès à l'eau et à l'électricité», souligne-t-on. H.