Cette visite du ministre d'Etat français intervient dans un contexte un peu particulier en raison des tiraillements qui caractérisent actuellement la mise en place du projet d'Union pour la Méditerranée, cher au président français, Nicolas Sarkozy. Le ministre d'Etat français de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, Jean- Louis Borloo, est attendu aujourd'hui à Alger pour une visite de travail de deux jours à l'invitation de son homologue algérien, Chakib Khelil. Au programme de ce déplacement, on note tous les projets de coopération entre les deux Etats, notamment dans le domaine de l'énergie, mais aussi les chantiers remportés par les entreprises françaises en Algérie. D'ailleurs, le ministère de l'Energie et des Mines a expliqué, dans un communiqué, que le premier responsable du département aura avec son invité des entretiens “sur les perspectives de coopération entre les deux pays dans le domaine de l'énergie, notamment des énergies renouvelables, dont le solaire”. Dans ce cadre, les deux parties vont signer, à cette occasion, un accord de coopération sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. M. Borloo visitera, ensuite, plusieurs sites, dont celui qui abritera le projet de séquestration de dioxyde de carbone (CO2) à Khrechba (Ghardaïa). Il se déplacera également au chantier du futur tramway d'Alger, qui a fait l'objet en juin 2006, d'un contrat entre le groupe français Alstom et l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) pour la fourniture d'un "système, clé en main” destiné à l'équipement de la première ligne de cet ouvrage dont la mise en service est prévue début 2009. Interrogé par l'APS, le ministre français a estimé, hier, que l'attractivité de l'Algérie en matière d'investissements est une “réalité incontestable”, constatant que depuis 1998, elle enregistre une “nette accélération” des flux d'Investissements directs étrangers (IDE). Le dossier du nucléaire civil sera au centre de ce déplacement qui devrait donner écho à l'accord signé entre les deux parties à ce sujet lors de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie en décembre 2007. L'accord paraphé sur “l'utilisation et le développement de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques”, couvre tous les champs de la coopération en matière d'énergie nucléaire civile. Il concerne la recherche fondamentale, les transferts de technologie, la formation, la production d'électricité, ainsi que la prospection et l'exploitation de l'uranium. Si la coopération dans le domaine énergétique, notamment le nucléaire civil, demeure dans la normalité des échanges entre les deux pays, cette visite du ministre d'Etat français intervient dans un contexte un peu particulier en raison des tiraillements qui caractérisent actuellement la mise en place du projet d'Union pour la Méditerranée, cher au président français, Nicolas Sarkozy. Vu le poids de Jean-Louis Borloo dans le gouvernement Fillon et ses rapports personnels avec M. Sarkozy pour lequel il est un des plus proches collaborateurs, il n'est pas exclu que l'hôte de Chakib Khelil soit reçu par d'autres hautes personnalités de l'Etat. Pour quel motif ? Sans nul doute pour le sujet de l'heure au niveau régional, avec l'approche de la date de lancement officiel du chantier méditerranéen, prévu le 13 juillet à Paris. Les appréhensions exprimées par l'Algérie à propos de ce projet ne sont pas de nature à rassurer Paris qui a déjà dépêché à Alger récemment son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, pour tenter de convaincre les autorités algériennes de la pertinence de ce regroupement régional. Si le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, dépêché par le président Sarkozy, ne s'est pas montré avare en déclarations sur “la réussite” de sa mission à Alger, en multipliant les louanges adressées à l'Algérie, sa visite n'a fait, en réalité, que confirmer les réticences observées par la partie algérienne à l'égard du projet de l'Union pour la Méditerranée. Il est donc fort possible que la visite de Borloo soit l'occasion de reparler de ce sujet afin de préparer le terrain au déplacement prochain à Alger du Premier ministre français, François Fillon. Ce dernier viendra à Alger avec pour mission d'arracher la participation à un haut niveau de l'Algérie au sommet de Paris. Hamid Saïdani