La ville des Lumières ouvre ses bras à un nom illustre. «Quand il rit c'est un ascète. Quand il commande, c'est un souverain. Quand il parle guerre, ses traits s'illuminent: c'est un soldat.» Ce sont là les multiples facettes et non des moindres qu'énumère celui qui fut son secrétaire français, Léon Riches. Sans coup férir, Bertrand Delanöe, maire de Paris, est en train de poser le premier jalon d'un traité d'amitié véritable, que l'on donnait pour moribond, entre l'Algérie et la France et sans arrière-pensée politique. Le temps est ce qu'il est, mais il finit toujours par être rattrapé par l'histoire. L'histoire qui possède de ces retours de manivelle que l'humain a parfois du mal à maîtriser. «Quand j'honore l'Emir Abdelkader, je sais et je dis que j'honore un nationaliste algérien qui s'est battu contre la conquête de l'Algérie par la France et pour la libération de l'Algérie», a déclaré le maire de Paris, clouant ainsi au pilori les nostalgiques de l'Algérie française et les ardents défenseurs de la loi du 23 février glorifiant la colonisation française en Algérie. Bertrand Delanoë est tout simplement en phase de réussir ce que d'autres hommes politiques français, pris certainement par l'ivresse procurée par des élections présidentielles qui s'annoncent indécises, remettent aux calendes grecques. A l'affût d'un électorat populiste, aiguillonné par une extrême droite aux thèses racistes, qui constitue un réservoir de voix potentielles qui les propulseraient au sommet du pouvoir et qu'il ne faut surtout pas effaroucher, quitte à perdre son âme. Qu'il en déplaise! L'Emir Abdelkader a désormais sa place dans le paysage urbanistique français et entre presque par effraction et sans crier gare dans la mémoire collective française bousculant résistance et mémoire refoulée. Et c'est de manière magistrale que la mairie de Paris, à sa tête M.Delanoë y a procédé. Cette initiative est tout sauf fortuite, elle semble avoir été étudiée et menée de main de maître et ne souffre d'aucune légèreté. La place Emir Abdelkader, au coeur de Paris, dans le Ve arrondissement, cerne de toute évidence la personnalité de l'Emir: la foi et le savoir.