Trois jeunes ont été assassinés par balle, hier en Kabylie, à Akbou et Sidi Aïch, (Béjaïa) par des individus non identifiés. Les trois jeunes ont été tués dans des circonstances troubles. Il s'agit de Djedda Amirouche, 19 ans, atteint au thorax, et de Iguendouzene Sofiane, touché au fémur et d'un troisième non identifié, et qui ont été évacués vers l'hôpital d'Akbou. Atteints par plusieurs projectiles, ces trois jeunes ont été touchés lors des émeutes qui ont secoué, hier, la wilaya de Béjaïa. On ne sait pas encore les circonstances exactes de ces tirs, mais différentes hypothèses circulent entre des balles perdues, des tirs des forces de l'ordre ou d'origine inconnue par des individus armés. Selon les premiers éléments de l'enquête, les balles qui les ont touchés proviennent d'armes de poing, de pistolets automatiques (PA), que ne possèdent ni les éléments de la gendarmerie nationale ni ceux de l'ANP. La recherche balistique plus précise est poursuivie par les éléments de la police scientifique alors que la justice a ouvert une enquête à travers le parquet de Béjaïa et compte rapidement faire la lumière sur cette affaire. La Gendarmerie nationale a d'ailleurs affirmé qu'elle n'a pas tiré, indiquant même qu'«aucune arme n'a quitté la chambre forte de la compagnie d'Akbou». La localité de Sidi Aïch d'où sont originaires les victimes, a connu une journée particulièrement agitée après des affrontements entre les manifestants et les gendarmes. Des manifestants ont alors encerclé le siège du tribunal pour demander la libération immédiate des manifestants arrêtés mardi soir dans cette localité. C'est apparemment dans la fournaise de ces émeutes que les trois citoyens ont été tués par ces tirs à l'origine inconnue. Durant ces émeutes, un gendarme a été grièvement blessé par le jet d'une brique qui l'a atteint au niveau du crâne. Ce n'est pas la première fois que des citoyens en Kabylie sont touchés par des tirs puisque cinq victimes du printemps noir ont été assassinées dans les mêmes circonstances. Or, cette fois, la conjoncture où sont intervenus ces assassinats est réellement différente du moment que la flambée de violence en Kabylie est réapparue dès l'annonce de la rencontre entre le Président Bouteflika et des représentants des ârchs. Cette escalade va certainement se poursuivre et les services de sécurité redoutent que des groupuscules d'extrémistes, dont on ne connaît pas les rapports avec les radicaux des ârchs, se soient infiltrés au sein des manifestants à Béjaïa et Tizi Ouzou pour «exécuter» carrément des citoyens. Cette nouvelle forme de terrorisme inquiète les observateurs politiques qui estiment que des groupes de pression et des extrémistes de la région «tenteront encore de faire échouer le dialogue auquel a appelé Bouteflika. L'objectif est de pourrir une situation et la faire glisser vers une explosion impossible à gérer». L'utilisation d'armes par des extrémistes ou des terroristes, puisque l'enquête est ouverte par la justice, risque de rendre la situation en Kabylie encore plus illisible.