Retailleau de plus en plus isolé ! Le ministre français de l'Intérieur traverse une tempête politique sans précédent. Il semble désormais lâché de toutes parts. Après la classe politique et l'opinion publique, c'est au sein de son propre camp qu'il se retrouve contesté. Tentant de se poser en figure forte à la manière de Donald Trump, cet homme, qualifié de «faux dur» par le Rassemblement national (RN), a évoqué l'idée d'un référendum sur des questions liées à l'immigration. Une sortie qui lui a valu un désaveu cinglant, y compris de la part de son propre Premier ministre. «L'immigration ne peut pas, constitutionnellement, être un sujet de référendum. D'abord, quelle question pose-t-on exactement ?» a interrogé François Bayrou, lundi dernier, sur LCI. Le chef du gouvernement a rappelé que l'article 11 de la Constitution limite les sujets susceptibles de faire l'objet d'un référendum, excluant de fait la politique migratoire. Mais le coup le plus dur est venu d'un autre membre de l'Exécutif. Le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lambard. Il a sèchement critiqué Retailleau sur cette question. Il a affirmé que la France avait «besoin d'une immigration de travail» et que celle-ci était «souhaitée par les entrepreneurs». «La France doit, bien sûr, rester un pays d'immigration sur le plan économique», a-t-il ajouté. La ministre de l'Ecologie, Agnès Pannier-Runacher, a également exprimé ses désaccords publiquement. «Nous avons déjà tous les outils nécessaires pour lutter contre l'immigration illégale et les passeurs. Je ne suis pas d'accord avec lui, et c'est pour cela que nous sommes un gouvernement de coalition», a-t-elle déclaré sur Europe 1, tout en appelant à trouver des «points d'équilibre». Bruno Retailleau peine également à convaincre l'Assemblée nationale, où sa proposition de loi sur l'immigration n'a pas trouvé d'écho, même chez les «macronistes». Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, a, pour sa part, dénoncé une circulaire récemment introduite par le ministre, qui systématise les Obligations de quitter le territoire français (OQTF). Selon elle, cette mesure risque de maintenir dans l'illégalité de nombreux étrangers «parfaitement intégrés et respectueux des valeurs de la République». Le député Roland Lescure, membre du groupe Ensemble, va dans le même sens. Il a jugé, vendredi, sur TF1 que «sur l'immigration, on va trop loin» et qu'il était essentiel de rester «humain et pragmatique». Maud Bregeon, députée du même groupe et ex-ministre, milite, elle, dans Le Figaro pour que «plusieurs des mesures refusées par le Conseil constitutionnel sur l'immigration soient reprises». Ce qui lui a valu des critiques sur tous les fronts. Ses «alliés» d'extrême droite ont également rejeté ses initiatives. Même le Rassemblement national (RN), que Retailleau cherchait à séduire, a pris ses distances. Qualifié de «vrai mou» par ses anciens alliés «lepenistes», le ministre a perdu le soutien d'un parti qu'il courtisait pourtant ardemment. Ses humiliations continues et son incapacité à faire passer sa loi sur l'immigration et à rallier une majorité ont sapé sa crédibilité auprès de l'extrême droite. Les déboires de Retailleau ne se limitent pas à ces désaveux politiques. La semaine dernière, le parquet de Paris a publié un communiqué cinglant lui demandant de ne pas interférer dans le travail de la justice – une mise en garde rarissime pour un ministre en exercice. Plus tôt, c'était le ministre des Affaires étrangères qui le rappelait à l'ordre après des déclarations malvenues sur les relations entre Paris et Alger. Aujourd'hui, Retailleau se retrouve isolé, critiqué de toutes parts. De ses collègues du gouvernement aux parlementaires de son camp, en passant par ses anciens alliés de l'extrême droite, tous semblent se désolidariser de lui. Il apparaît désormais comme un ministre en sursis. Son isolement croissant illustre l'échec d'une stratégie basée sur la surenchère et la provocation. Sa chute est spectaculaire et douloureuse. Mais comme le dit l'adage, heureusement pour lui, «le ridicule ne tue pas»…