Le Syndicat algérien des laboratoires d'analyses médicales (Salam) et l'Association des laboratoires d'analyses médicales (Alam) dénoncent une situation qui peut mettre en péril la santé des citoyens. En cause, «l'entrée par effraction» d'acteurs dans cette spécialité, du fait d'un vide juridique criant, qui favorise la pullulation d'intervenants illégaux. Les représentants des deux syndicats et d'éminents professeurs en médecine viennent d'animer une conférence à la faveur de laquelle ils ont dénoncé l'attitude passive de leur tutelle, à savoir le ministère de la Santé, avec pour conséquences le fourvoiement de la biologie médicale. «La biologie médicale est en perte totale de repères dans un contexte de dérégulation avancée, notamment au niveau du ministère de la Santé qui pèche par un certain penchant au populisme», ajoutent les représentants du Salam et de l'Alam qui dénoncent «une faiblesse à trancher dans des situations potentiellement conflictuelles», tout en précisant que le diagnostic médical est du seul ressort du médecin. Ils renvoient particulièrement à la validation biologique. Alors que la main est tendue aux protagonistes de tous bords «qui assumera la responsabilité médico-légale en cas d'erreur médicale?», s'interrogent-ils, rappelant que la validation biologique c'est d'abord le contrôle de la vraisemblance et de la cohérence de l'ensemble des résultats des analyses d'un même dossier et leur confrontation avec les résultats antérieurs. Elle nécessite la connaissance de l'état clinique du patient et les traitements mis en oeuvre. Celle-ci est nécessairement du ressort du médecin. «La validation est un acte médical», soutient, à ce titre, le professeur Abadi, alors que d'autres blouses blanches mettent en garde contre le risque «des résultats biologiques erronés lorsque cette branche de la médecine est exercée par un non médical». «Le ministère de la Santé est devant une responsabilité historique», poursuit-on, invitant à mettre de l'ordre dans le chaos. Tout en tirant la sonnette d'alarme, ces praticiens comptent interpeller les autorités, en programmant spécialement une demande d'audience au ministre de la Santé. C'est dans «une démarche de propositions» qu'ils entendent prendre langue avec les autorités sanitaires du pays, avec pour référence la loi sanitaire n° 18-112018 du 2 juillet 2008, dont le chapitre 11 stipule: «Seuls les laboratoires de biologie médicale et les laboratoires d'anatomo-cyto-pathologie sont autorisés à effectuer des examens qui concourent au diagnostic, au traitement ou à la prévention des maladies humaines ou qui font apparaître toute autre modification de l'état physiologique des patients. Les examens biologiques concernent, notamment, les spécialités biologiques de base que sont la biochimie, l'hémobiologie, la parasitologie, la microbiologie et l'immunologie. Dans son article. 252, la même loi prévoit: «Le titulaire d'un diplôme d'études médicales spécialisées (Dems), dans l'une des spécialités biologiques de base, est autorisé à exploiter un laboratoire d'analyses de biologie médicale dans les conditions fixées par voie réglementaire». Parmi les propositions faites, figure celle portant sur le remboursement des analyses médicales biologiques que prendra en charge la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (Cnas).