En Algérie, sixième pays consommateur de sucre au monde, le jeûne impose aux diabétiques d'observer la plus grande vigilance face aux risques potentiels liés à leur maladie. Dans tous les cas, et quant à la décision de jeûner ou pas, entre l'imam et le médecin, le dernier mot revient au médecin, précisent les spécialistes, à l'instar du Pr Samir Aouiche, diabétologue, endocrinologue et chef d'unité diabétologie à l'hôpital Mustapha-Pacha. Il précise, en effet, que la décision de jeûner «doit impérativement être prise par le médecin traitant, en fonction d'un nombre de facteurs propres à chaque cas». Selon lui, une bonne évaluation des risques chez chaque patient ainsi que la surveillance glycémique contribuent à une gestion efficace de la pathologie. Afin de corriger les écarts, le Pr Aouiche recommande de recourir à la «balance motivationnelle» pour évaluer les inconvénients et les avantages liés au jeûne chez le diabétique. Il souligne à ce titre qu'une bonne évaluation des risques chez chaque individu ainsi que la surveillance glycémique contribuent à une gestion efficace de son diabète. Il recommande en outre l'autosurveillance de la glycémie (ASG) tout au long de la journée, soit durant le jeûne et après l'avoir rompu, conseillant aux jeûneurs d'«interrompre leur jeûne en cas d'hypoglycémie, d'hyperglycémie, de déshydratation, etc.». Il préconise ainsi une éducation thérapeutique structurée, dispensée par le médecin tout en privilégiant une alimentation équilibrée, plus riche en fibres qu'en sucre et en gras, afin d'éviter des perturbations de la glycémie (généralement une hyperglycémie) et autres désagréments après la rupture du jeûne. À ce propos, le Pr Aouiche signale une expérience pilote présentement menée au niveau du CHU Mustapha, laquelle consiste en l'installation d'une cuisine thérapeutique du diabétique. Notons que plusieurs études ont révélé qu'il existe un désir intense de participer au jeûne, même parmi ceux qui sont admissibles à une exemption. D'autres observations font ressortir que «les personnes âgées constituent la catégorie qui pose le plus problème auprès des praticiens». En effet, c'est dans cette catégorie que l'on retrouve le plus grand nombre de patients diabétiques à haut risque de complications qui insistent pour jeûner durant le Ramadhan, créant ainsi des problèmes de prise en charge pour eux-mêmes et un défi pour les médecins qui les prennent en charge. Rappelons qu'en février dernier le ministère de la Santé a mené une large campagne de sensibilisation, qui a eu pour slogan «Pour un Ramadhan sain et sûr, évitons les excès pour notre santé», l'objectif étant de «sensibiliser à l'importance de la prévention pour préserver la santé, notamment durant le mois de Ramadhan, d'encourager les professionnels de la santé à promouvoir la prévention par la mise en oeuvre des programmes nationaux de prévention, à travers leur évaluation et leur suivi et d'impliquer tous les secteurs concernés dans la sensibilisation et le respect des mesures préventives afin de préserver la santé des individus et de la population». Cette Semaine nationale aura permis de mettre l'accent sur «la promotion d'une alimentation équilibrée et d'un mode de vie sain durant le mois de Ramadhan, la lutte contre les facteurs de risque de plusieurs maladies, à l'instar du diabète et de l'hypertension, la prévention contre les drogues et le tabagisme, la sensibilisation sur le programme national élargi de vaccination des enfants et le bon suivi des femmes enceintes», outre la sensibilisation à l'importance de l'allaitement maternel, en jetant la lumière sur les maladies chroniques et métaboliques.