L'association Machaâl Echahid en coordination avec le quotidien El Moudjahid ont organisé, hier, une conférence qui a été réservée au thème sensible de «L'usage de la torture par le pouvoir colonial français durant notre lutte de libération nationale». Cette conférence, qui a été animée par l'avocate Fatima Zohra Benbraham, a vu la présence de nombre important des anciens moudjahidine qui ont vécu cette période sinistre de la nuit coloniale et ses exactions. L'avocate a voulu, à travers son intervention, faire le lien entre l'assassinat du martyr Larbi Ben M'hidi et le recours systématique et méthodique de l'armée coloniale française à la torture contre les Algériens qui ont décidé de prendre les armes pour libérer leur pays par la lutte. Me Benbraham a indiqué que «quand on parle de la torture durant la période coloniale, les Français connaissent que cette période est très sensible et constitue une étape délicate de l'histoire coloniale en Algérie», et d'ajouter: «Il s'agit d'une période que seule la génération de 1962 s'en rappelle avec ce qu'elle véhicule comme moments de tortures et d'atrocités, alors que les générations actuelles ignorent complètement l'histoire de l'Algérie coloniale.» En ce qui concerne l'usage de la torture durant cette période, l'avocate Benbraham a essayé de faire la nuance en choisissant les concepts, comme c'est le cas pour ce qu'elle nomme «guerre coloniale en l'opposant à la Révolution populaire algérienne pour la libération», a-t-elle avancé. Pour expliquer d'une manière méthodologique le rôle des armées en général, Me Benbraham a souligné que «l'armée est régie par la loi militaire mais, durant la guerre, elle est régie par la loi de la guerre». Cette introduction militaro-juridique se propose comme forme d'«éthique» qui encadre les armées durant les périodes de guerre, en respectant toutes les conventions de ladite guerre et, en premier lieu, le non-recours à la torture. Me Benbraham a donné l'exemple de l'Emir Abdelkader, qui a donné une leçon magistrale en matière de respect de l'individu-prisonnier durant les périodes de guerre. Elle a rappelé les exactions du colonialisme français et les scènes de torture qui ont été exécutées contre les Algériens depuis 1830, c'est-à-dire depuis la bataille du Staouéli déjà. L'avocate a signalé que «les militaires de la France coloniale n'étaient pas rompus à la forme et la méthode de lutte des Algériens». C'est un signe d'une démarche de défense qui s'inscrivait dans une optique de libération et une guérilla qui n'avait pas les caractéristiques d'une armée régulière organisée selon le schéma classique des armées de par le monde. Me Benbraham, en désertant abondamment sur les crimes coloniaux de la France et ses tortures, n'a pas oublié de rappeler les scènes macabres et sinistres de l'armée coloniale qui excellait dans les enfumades et des massacres allant jusqu'à faire brûler vif tout Algérien le rencontrant sur leur sillage et arrachant les oreilles et les poignets des femmes réduites en cadavres par les soldats du colonialisme français. Cette scène macabre commise par l'armée coloniale française a été abordée avec insistance et profondeur par l'avocate, qui s'est interrogée sur ces «méthodes utilisées par les soldats de l'armée coloniale», en soulignant «est-ce que cette violence physique contre les Algériennes et les Algériens ce n'est pas une torture?» Me Benbraham a développé tout au long de sa conférence une approche qui vise à élucider l'ampleur des pratiques atroces et de torture qui ont marqué l'histoire de la France coloniale en Algérie. À ce propos, elle a fait en sorte de faire un lien intrinsèque entre la période de 1830 et la période de 1954 comme prolongement et l'aboutissement d'un processus historique caractérisé par des actes abominables et des pratiques criminelles que la France officielle ne veut pas reconnaître. L'usage de la torture et le recours à la violence physique et la propagation de toutes les «techniques» de la domination et de la contrainte coloniale sont des faits avérés qui témoignent jusqu'à aujourd'hui de l'héritage colonial français fait de massacres et de crimes contre l'humanité.