Un important chef du groupe Etat islamique (EI), chargé notamment des «opérations extérieures» et visé par des sanctions américaines, a été tué par les forces de sécurité irakiennes, a annoncé vendredi le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani. Abdallah Makki Muslih al-Roufayi «était considéré comme l'un des plus dangereux terroristes en Irak et dans le monde», a indiqué Soudani sur la plate-forme X. Le jihadiste, présenté comme «l'adjoint du Calife» de l'EI, était aussi le gouverneur des provinces syriennes et irakiennes. Visé depuis l'été 2023 par des sanctions de Washington, il était «chargé des bureaux des opérations extérieures», a-t-il ajouté. Le Premier ministre a salué une opération chapeautée par les Renseignements irakiens et menée en coopération avec la coalition internationale dirigée par Washington. Selon le Commandement central américain (Centcom), Abdallah Makki Muslih al-Roufayi, alias «Abou Khadijah», a été tué en même temps qu'un autre membre de l'EI par «une frappe aérienne de précision dans la province d'al-Anbar», dans l'ouest de l'Irak. Les forces combinées ont trouvé deux corps qui «portaient des gilets-suicide non explosés», et ont identifié «Abou Khadijah» au moyen d'un kit ADN, selon le Centcom sur X. «Aujourd'hui, le chef fugitif de l'EI en Irak a été tué», a déclaré le président américain Donald Trump sur sa plate-forme Truth Social. «Il a été traqué sans relâche par nos intrépides combattants. Sa vie misérable a pris fin, ainsi que celle d'un autre membre de l'EI, en coordination avec le gouvernement irakien et le gouvernement régional kurde», s'est-il réjoui. La défaite de l'EI en Irak a été proclamée en 2017 (et en Syrie en 2019), mais des cellules jihadistes restent actives dans le pays et continuent d'attaquer sporadiquement l'armée et la police, particulièrement dans les zones rurales et reculées. Un récent rapport onusien publié en début d'année indique qu'Abdallah Makki Muslih al-Roufayi serait resté à la tête des «bureaux» de l'EI «qui couvrent» l'Irak, la Syrie, la Turquie et tout le Levant. En octobre déjà, les autorités irakiennes avaient annoncé avoir tué neuf commandants de l'EI, notamment le plus haut responsable des jihadistes dans le pays, «le prétendu gouverneur de l'EI en Irak» identifié comme Jassim al-Mazrouei. Aujourd'hui, Baghdad estime que ses forces de sécurité sont capables de faire face seules à la menace jihadiste. Un accord négocié avec Washington prévoit un retrait graduel de la coalition internationale. La première phase, jusqu'en septembre 2025, prévoit le départ de la coalition de l'Irak fédéral, puis d'ici septembre 2026 du Kurdistan autonome. Si l'EI «poursuit ses activités à un rythme moins soutenu en Irak», note un rapport onusien, «il existe un risque que le groupe tire parti de la situation instable en République arabe syrienne pour renforcer sa position». «Daesh aurait continué d'avoir accès à des réserves de trésorerie considérables, d'un montant estimé à 10 millions de dollars environ rien qu'en Irak et en République arabe syrienne». En visite à Baghdad, le chef de la diplomatie syrienne Assaad al-Chaibani a assuré que la Syrie était prête à «renforcer la coopération avec l'Irak» pour lutter contre l'EI à leur frontière commune longue de plus de 600 kilomètres. «La sécurité est une responsabilité commune», a estimé le ministre syrien. «Le terrorisme ne connaît pas de frontières».