L'Expression: Pourriez-vous vous présenter à nous lecteurs et nous parler de votre parcours? Yanis Taleb: Je suis pianiste et compositeur. J'ai 25 ans. Je suis le lauréat de cette année du prix Ali Maâchi du président de la République algérienne. Ce que je fais dans mes concerts, je propose mes propres compositions. Ces dernières sont le fruit d'un brassage sonore entre les sonorités de la musique classique européenne et orientale. Mon parcours musical a commencé d'abord en tant qu'autodidacte à Tlemcen. C'est une ville où la musique andalouse règne. Il n'y avait pas de conservatoire de musique classique de fait. Comme moi, j'aimais beaucoup la musique classique, j'ai commencé mon voyage musical et autodidacte. Ce que je faisais c'est que j'écoutais La lettre à Elise de Beethoven, j'écoutais beaucoup ce morceau. C'est ce qui m'a poussé à faire du piano.je l'écoutais en boucle et je le reproduisais à l'oreille au piano. Au fur et à mesure, j'apprenais des morceaux comme ça. J'avais fait ma première composition arabesque à l'âge de 13/14 ans. J'ai commencé le piano à 13 ans, ensuite je suis parti en France et j'ai intégré un conservatoire de musique classique. j'ai continué... C'est là où vous avez appris le solfège... Oui, c'est là où j'ai appris comment un musicien de musique classique réfléchit au niveau solfège, mais au fur et à mesure de mon parcours au conservatoire je me rendais compte que j'étais beaucoup plus attaché au côté intuitif lié à la musique que par la partition où l'on est vraiment encadré par quelque chose qu'on doit lire. J'aime beaucoup faire du piano plus librement en fait. En tant que jeune de 25 ans, comment arrivez-vous à vous affranchir disons de l'aspect académique de la musique classique pour vous ancrer dans le contemporain? N'est-ce pas un peu frustrant de se cantonner dans le classique? Je trouve que c'est un peu frustrant justement. C'est pour ça que j'ai eu la chance d'avoir une facilité au niveau de la composition. J'aime bien ce côté«liberté» en fait dans la création. Et dans la composition on est libre. C'est quelque chose dans lequel je me retrouve. D'où vient cette liberté de composition, autrement de vos sources d'inspiration et qui plus est à l'âge de 25 ans? Quand je compose mes musiques, c'est vraiment le fruit d'un vécu que je vais transposer en notes musicales. C'est un moment que je vis qui va me permettre d'avoir des émotions, comme par exemple un voyage, un conflit, des choses du quotidien qui vont me permettre de sentir des émotions et ces émotions-là je vais les transposer en notes de musique. C'est cela qui va me permettre de composer. Avez-vous pensé à faire de la compo de films? Oui. J'en ai déjà fait. J'ai mon meilleur ami qui est réalisateur de film. Lui, fait ses films et moi je compose la musique derrière, ensuite on les présente dans des festivals comme ce fut le cas dans le cadre du festival du court-métrage de la ville de Lille...donc oui j'ai de l'expérience en ce qui concerne la musique à l'image qui est quand même un autre travail par rapport à mes propres compositions que je fais pour les concerts, qui, cette fois est le fruit de mon vécu, qui me permet de composer ces musiques car le travail de compositions à l'image c'est vraiment l'image qui va me guider à faire cette musique... Comment pourrait-on résumer votre univers musical? On peut le résumer comme une passerelle ou un pont entre deux mondes, l'Orient et l'Occident. C'est vraiment deux mondes qui s'unissent car dans ma manière de jouer on sent que je travaille sur des pièces de musique classique, la technique classique est là mais on va ressentir aussi des notes orientales qui se baladent.. C'est votre influence identitaire qui parle... Oui. Tout à fait. J'adore la musique classique, mais je suis très attaché aux sonorités orientales que l'on peut trouver dans les pays arabes et particulièrement les sonorités que l'on trouve en Algérie et ce, à travers la musique andalouse, le chaâbi... ces sonorités-là j'y suis attaché. Quels sont vos projets? J'ai un grand projet que je suis en train de faire. Je suis en train de composer une pièce pour l'Algérie que j'ai appelé «la valse algérienne». C'est comme un cadeau que je fais au ministère de la Culture algérien et la Présidence pour m'avoir attribué le prix Ali Maâachi du président de la République. Une sorte de remerciement et une reconnaissance pour ce prix et un cadeau à l'Algérie que je fais. On va retrouver dans cette composition une esthétique des grandes valses viennoises, ce côté grandiose, mais toujours avec des sonorités algériennes, typiquement algériennes que l'on va retrouver dans cette oeuvre-là. C'est une oeuvre pour piano et orchestre. Le piano sera au centre de la musique. On va essayer de l'enregistrer avec l'orchestre de l'opéra d'Alger. C'est le premier objectif, ensuite pourquoi pas me produire avec dans un grand festival comme par exemple le festival symphonique de musique classique qui se déroule tous les ans à l'opéra d'Alger. Ce serait l'occasion idéale pour la présenter au public.