Pour le moment, le score du match qui se joue à «huis clos» tourne à l'avantage des militaires Le forcing effectué par l'aile militaire de l'ex-FIS dans deux directions, à l'endroit d'un soutien à fond à la réconciliation nationale, et contre l'organisation du congrès du parti dissous à l'étranger, a au moins le mérite d'être clair sur un point: il renseigne sur l'hégémonie prise par l'aile armée sur la direction politique. Deux thèmes motivent ce forcing militaro-théologique. D'un côté, les ex-chefs de guerre refusent toute idée d'organiser un congrèsde l'ex-FIS à l'étranger. Car, pris en charge par des politiques djazaâristes de la trempe de Mourad D'hina et consorts, ils risquent d'être totalement écartés. D'un autre côté, le projet d'aller vers une réconciliation nationale attise toutes les passions, et, sur ce point précis, les «militaires» ont de l'avance sur les politiques qui, à l'instar de Ali Djeddi et Kamel Guemazi, piétinent et tournent en rond. Pour le moment, le score du match qui se joue à «huis clos» tourne à l'avantage des militaires: en face de Abassi Madani et Ali Djeddi, quatre chefs militaires, représentent, chacun de son côté, une garantie de trêve de plusieurs centaines de repentis. Par ordre d'importance, Madani Mazrag, Ahmed Benaïcha, Mustapha Kertali et Ali Benhadjar s'estiment être les seuls interlocuteurs valables, car ce sont des «hommes de terrain et de combat» par qui l'arrêt des hostilités est arrivé (accords ANP-AIS). Mais il y a plus, dans cette prise de position des chefs armés du parti dissous. Il y a cette gifle cuisante qu'ils ont donnée à Abassi Madani et qui résonne encore dans les oreilles de ce dernier comme un constat d'échec total. Connaissant les affinités qu'entretiennent Madani Mezrag, l'émir national de l'AIS, et ses deux seconds, Benaïcha et Kertali, avec l'aile politique anticongrès, représentée par Rabah Kébir, président de l'instance exécutive du FIS à l'étranger, Abdelkrim Ouled Adda, porte-parole officiel du parti, et Abdelkader Boukhamkham, un des sept légalistes-fondateurs du «groupe d'Alger», Abassi Madani a écrit une lettre à Ali Benhadjar l'exhortant de soutenir à bras-le-corps l'idée du congrès. Or, ce dernier, s'alignant sur la position des «chefs des maquis», ne donne pas suite à la demande expresse du numéro 1 de l'ex-FIS, infligeant un nouveau revers à celui-ci et démontrant de fait l'hégémonie de l'aile militaire sur sa direction politique. Un autre événement, et non des moindres, a joué dans cette suprématie des «chefs de maquis», c'est l'indécision de Ali Benhadj, numéro 2 et figure emblématique du parti, quant à la tenue ou non du congrès. Devant l'importance de l'enjeu et les frictions nées entre les leaders à son sujet, il a préféré «se taire en attendant d'y voir plus clair», renvoyant les deux camps dos à dos, et se démarquant, ainsi, de la position engagée d'un Abassi Madani. Quoi qu'il en soit, les contours, le fond, les objectifs et les acteurs de la concorde civile ne sont pas encore connus, ni clairement délimités. Aussi, le temps à venir permettra-t-il d'établir un constat plus cohérent sur une nébuleuse élastique à souhait.