Le comité préparatoire de l'ex-FIS à l'étranger a décidé de surseoir à l'idée d'organiser un congrès dans une capitale européenne au cours de l'année 2002, apprend-on de source très proche des milieux islamistes à Genève. Le Conseil consultatif du parti dissous (CCFIS) aurait justifié cette décision par «l'impossibilité conjoncturelle de réunir toutes les forces du parti ainsi que le contexte politique international qui fait des restrictions draconiennes sur l'activité des islamistes». Le comité préparatoire du CCFIS, composé de Abdellah Anas, Mourad D'hina, Ahmed Zaoui et Qamareddine Kharbane, «s'est trouvé lui-même dans l'impossibilité de se réunir, parfois même de se téléphoner», eu égard, ajoute notre source, «aux diverses convocations qu'ils avaient reçues des services de police locaux à Genève, Bruxelles et Londres, depuis plus de deux mois». En effet, D'hina et Zaoui, qui bénéficiaient de certaines facilités en Suisse et en Belgique, grâce au statut de chercheur pour le premier, et réfugié politique pour le second, sont soumis actuellement à des mesures restrictives discrètes, mais rigoureuses, et sont tenus, non pas uniquement de signaler leur déplacement, mais aussi de s'en tenir au strict minimum en matière de contact humain. Abdellah Anas et Qamareddine Kherbane, dont le passé activiste est intense, sont les plus exposés à des mesures restrictives ou d'expulsion, notamment le second envers qui les services antiterroristes de Sa Majesté recentrent un intérêt moins indulgent que celui dont il bénéficiait jusque-là. Le congrès du FIS à l'étranger était, depuis le début de l'année 2000, «la grande parade» qui devait permettre un retour retentissant du parti dissous au-devant de la scène politique, mais, chemin faisant, ce congrès avait complètement divisé la direction de l'ex-FIS aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Ce congrès, auquel on avait donné le nom de Abdelkader Hachani, avait eu l'aval de Abassi Madani et de la plupart des anciens dirigeants du parti, mais l'«aile militaire» avait maintenu une pression énorme pour la non-organisation de ce congrès qui, en fait, les aurait complètement éliminés au profit des «politiques». Représentée par les principaux chefs de l'AIS, Madani Mezrag, Mustapha Kertali et Ahmed Benaïcha ainsi que par le chef de la LIDD, Ali Benhadjar, l'aile militaire de l'ex-FIS avait eu, outre l'appui de Abdelkader Boukhamkham, Rabah Kébir et Abdelkrim Ould Adda, lesquels préconisaient «une solution venant de l'intérieur et par ceux-là mêmes qui sont restés en Algérie». La suspension de la tenue de ce congrès, influencée, dans une très large mesure, par le forcing de l'aile militaire de l'ex-FIS, est rendue effective au lendemain des attentats du 11 septembre et des mesures mondiales qui sont intervenues depuis, consacrent, peut-être définitivement, l'échec des politiques du parti dissous devant leur ancien bras armé.