Réclamé depuis plus de deux ans par l'aile radicale du parti dissous, le congrès semble plus que jamais compromis par les graves divergences qui agitent la direction. L'idée d'organiser pareille initiative avait pris forme avant la mort brutale de Abdelkader Hachani, survenue le 22 novembre 1999, en plein centre d'Alger. Peu de temps après, l'idée fut reprise par Ali Djeddi et son «équipe» - Guemazi, Omar Abdelkader et Noureddine Chigara. Cette volonté de réunir les forces du FIS et d'unifier les rangs fut appuyée par les deux lettres adressées, coup sur coup, par Abassi Madani à Mourad Dhina, qu'il a nommément chargé de mener à terme l'organisation du congrès, et à Ali Benhadjar, le chef militaire le plus «à l'écoute» de la direction politique. Mais autant dire, tout de suite, que ces deux missives de Madani furent autant d'échecs, Mourad Dhina ne bénéficiant pas du consensus requis parmi les autres leaders historiques, issus du congrès de Batna, et, Benhadjar, restant, malgré tout, aux côtés de ses «frères d'armes», Madani Mezrag, Ahmed Benaïcha et «hadj» Mustapha Kertali, chefs militaires résolument, absolument et ostensiblement hostiles à la tenue de ce congrès. Du côté des politiques, si Abassi Madani soutient, à bras-le-corps, la tenue de ce congrès dans les plus brefs délais, venant à l'«équipe Djeddi», Ali Benhadj, pièce maîtresse de l'échiquier du parti dissous, reste très sceptique et se montre carrément indécis, ne voulant, par cette position, cautionner aucune démarche dont il ne connaît «ni les soubassements ni les contours». Les anticongrès sont, en premier ordre Abdelkader Boukhamkham, qui affirme que «ce congrès pointe comme un procès d'intention contre Rabah Kébir et risque d'être un congrès organisé aux fins d'exclure certains leaders historiques». Près de Boukhamkham, se tiennent Rabah Kébir, président de l'instance exécutive de l'ex-FIS, et l'avocat Ould Adda, porte-parole du parti à l'étranger, qui affirment que «pareille initiative (le congrès, Ndlr) peut représenter une grave dérive, car elle pousse vers l'exclusion de chefs historiques au profit d'ex-élus à l'étranger». Mais ce qui tend le plus vers la non-tenue de ce congrès, c'est surtout le forcing des chefs militaires, Madani Mezrag en tête. Appuyé de Benhadjar, Kertali et Benaïcha, ex-chefs d'organisations islamistes armées telles que l'AIS ou la Lidd, ce groupe estime être la seule force apte à discuter de l'avenir de l'ex-FIS, car la seule «à avoir négocié la trêve et la seule force effective de terrain». Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette «force militaire» continue à être le seul interlocuteur crédible et imposant vis-à-vis du pouvoir. Que ce soit à Jijel, à Chlef, à Relizane ou à Larbaâ, les anciens chefs militaires bénéficient de toutes les facilités pour tenir, épisodiquement, des conclaves et des «réunions de travail secrètes». Les chefs bloquent, de fait, toute idée de congrès et affirment que cela ne peut se faire sans leur consentement et leur adhésion. Ce groupe agit en bloc monolithique, de telle façon qu'il représente une force d'influence très importante dans les rapports de force et les jeux d'équilibre au sein de la mouvance islamiste. Enfin, ce qui joue aussi en défaveur de la tenue de ce congrès, c'est la réticence des capitales occidentales. Ni Paris, ni Madrid, ni Genève, ni Londres, ni Bruxelles ne peuvent aller, malgré leur manipulation manifeste de l'islamiste, jusqu'à abriter un congrès de l'ex-FIS, et Dhina, Anas, Zaoui et consorts n'ont pu trouver, après deux ans de contacts tous azimuts, «preneurs» disposés à abriter leur congrès.