Cette conférence vient après la publication, par la Communauté européenne, d'un rapport accablant sur l'Algérie. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), M.Abdelkader Bensalah, préside une délégation du Parlement (APN et Conseil de la nation) qui se rend à la 3e conférence des présidents des Parlements euroméditerranéens. Cette conférence vient après la publication par la Communauté européenne d'un rapport sur la situation politique et économique de l'Algérie. Il décrit les objectifs de coopération de l'UE avec la partie algérienne et il fait «mention des risques, assez graves, que notre pays recèle encore». Ce qui laisse croire que M.Bensalah aura à déployer un réel effort pour convaincre ses homologues européens et pour les ramener à de meilleurs sentiments. Car le moins que l'on puisse dire est que ces préjugés, côté européen, ne peuvent être que tenaces si l'on tient compte du tableau noir que dresse ledit rapport d'un pays qui veut, coûte que coûte, se hisser au concert des nations industrialisées. Les a-priori touchent particulièrement au terrorisme et à la contestation populaire en Kabylie. Mais aussi aux insuffisances quant au respect des droits de l'Homme, des principes de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance. Aussi, la Communauté européenne n'a pas omis de souligner l'impératif du bon fonctionnement de la justice et du respect des droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Un dossier sur lequel insistent nombre de pays membres de l'UE. Le document note, sur un autre registre, un bon nombre de risques qui, outre ceux qui ont trait au terrorisme, concernent ce qu'on a appelé les «intérêts de rente de groupe d'influence», faisant ainsi allusion à l'armée algérienne qui, ajoute-t-on, «malgré (son) apparent ‘‘ feu vert '' à l'engagement du processus d'association, les intérêts particuliers (monopolisation de certaines importations, corruption), risquent d'entraver la libre concurrence et les effets économiques attendus de la zone de libre-échange». Ces risques pourraient, écrit-on, avoir des implications négatives sur la coopération financière. M.Bensalah aura-t-il donc l'aplomb et la crédibilité nécessaires pour amener les Européens à faire preuve d'empathie envers un pays qui a déjà donné son O.K. pour un partenariat - Euromed - au prix de grands sacrifices sociaux, puisque le gouvernement algérien a eu, dès les prémices de cet accord, à faire face à une grogne sociale sans précédent. Toujours est-il que les priorités de la Communauté européenne pour les quatre années à venir seraient d'appuyer les réformes économiques dans le but d'intégrer pleinement l'Algérie dans l'économie de marché et de renforcer la compétitivité des entreprises. Un budget total de 30 millions d'euros serait accordé pour appuyer ces réformes. Et si, lors de cette conférence, il sera surtout question du «rôle des parlementaires dans le renforcement du dialogue politique euroméditerranéen» et de «la dimension culturelle, sociale et humaine dans la consolidation du partenariat euroméditerranéen», c'est que l'Europe a pour autre objectif de développer davantage les ressources humaines «en vue d'améliorer les conditions des populations pour l'insertion dans la vie active et de mieux adapter les systèmes d'éducation et d'enseignement aux besoins socio-économiques» du pays. 17 millions d'euros seraient le budget indicatif fixé pour la période 2002-2004. Cette conférence devait se tenir en octobre dernier, mais a dû être reportée en raison des attentats terroristes du 11 septembre contre les Etats-Unis. Il est donc aisé de comprendre que cette rencontre intervient dans un contexte temporel particulièrement marqué par l'«après-11 septembre».