L'ambassadeur d'Afrique du Sud expulsé des Etats-Unis, de retour chez lui dimanche, a affirmé être «sans regret» face à cette décision de l'administration américaine, dans une déclaration faite à la presse au Cap devant une foule bruyante venue l'accueillir. Les Etats-Unis avaient ordonné le 14 mars à Ebrahim Rasool de quitter leur territoire après avoir été déclaré «persona non grata» par le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, qui l'a accusé d'être un «homme politique raciste qui déteste l'Amérique». L'Afrique du Sud est particulièrement ciblée par Washington depuis le retour de Donald Trump au pouvoir. Ce dernier lui a coupé ses aides en l'accusant de traiter de façon «injuste» les descendants de colons européens, et l'a attaqué pour sa plainte pour génocide poursuivi par Israël devant la Cour internationale de justice. «Nous n'avons pas choisi de rentrer chez nous, mais nous rentrons sans regrets», a déclaré Rasool devant plusieurs centaines de personnes venues l'accueillir au Cap. La présidence sud-africaine avait jugé la décision de l'expulser «regrettable», le ministre des Affaires étrangères Ronald Lamola dénonçant une mesure «sans précédent». «L'ambassadeur Rasool était sur le point de rencontrer des responsables stratégiques à la Maison-Blanche» lorsque son expulsion a été annoncée, avait regretté le 15 mars le porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, Chrispin Phiri. «Ce développement regrettable a sabordé les progrès significatifs», avait-il ajouté, après des semaines de polémiques et de craintes autour du futur de Pretoria au sein de l'accord commercial Agoa qui permet d'exporter certains biens sans taxes vers les Etats-Unis. «Dans le cadre de relations diplomatiques normales, une démarche aurait dû être entreprise auprès de l'ambassadeur pour qu'il s'explique sur ses commentaires», avait regretté le chef de la diplomatie sud-africaine. Le 14 mars, Ebrahim Rasool avait accusé Donald Trump de «mobiliser un suprémacisme contre le pouvoir en place» lors d'une intervention dans un webinaire. «C'est regrettable que nous soyons les destinataires de tweets n'aidant pas à réparer notre relation», avait-il ajouté. Son expulsion a suscité énormément de réactions dans la première économie d'Afrique. Le parti de gauche radical EFF, quatrième aux élections de l'an passé, a accusé Donald Trump d'être le «grand sorcier d'un Ku Klux Klan mondial». Pretoria a dénoncé une «campagne de désinformation et de propagande».