Le représentant de l'Association algérienne de lutte contre la corruption s'interroge sur les raisons du retard. Le processus de lutte contre la corruption, engagé par notre pays, subit des blocages au niveau des centres du pouvoir. Preuve en est, les textes d'application de la loi relative à la lutte contre la corruption n'arrivent toujours pas à voir le jour. Plus de huit mois après sa publication dans le Journal officiel, les textes d'application ne sont pas encore publiés. C'est ce qu'a déclaré, hier, le représentant de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, M.Djilali Hadjadj, qui était, hier, l'invité de l'émission «Fil-Ouadjiha», de la Chaîne I. Ce dernier s'est interrogé sur l'origine de ce retard. «Je ne comprends pas pourquoi les textes ne sont pas encore publiés alors que le chef de l'Etat avait, lui-même, interpellé ses responsables, lors de l'ouverture de l'année judiciaire, sur ce retard». Tout en s'appuyant sur le discours du président de la République, M.Hadjadj reste persuadé que ce processus est mal apprécié dans les rouages du pouvoir. «Il y a des contraintes au niveau du gouvernement qui bloquent l'aboutissement de ce processus», réitère-t-il. M.Hadjadj n'a pas mâché ses mots pour révéler qu'«il y a une grande crainte exprimée par certaines parties au pouvoir lesquelles tentent de bloquer le processus de lutte contre la corruption.» Même s'il y a une volonté politique à éradiquer ce phénomène, elle reste, néanmoins, à être concrétisée sur le terrain. «Les responsables s'appuient, dans leurs discours, sur le renforcement de la lutte contre la corruption, mais il n'y a rien de concret sur le terrain», déplore-t-il. Il faut reconnaître que l'Algérie accuse un grand retard dans la mise en place de ce processus. Deux ans après la ratification de la convention des Nations unies sur la lutte contre la corruption, elle ne cesse de tergiverser dans sa mise en application. Cela laisse déduire que le pouvoir politique est rongé par la corruption. Le projet en question, qui date du début 2005, faut-il le rappeler, a été reporté à plusieurs reprises. Un autre indice qui traduit qu'il y a effectivement un blocage, le représentant évoquera la problématique d'agrément de leur association. Créée il y a de cela sept ans, cette association qui lutte contre la corruption n'a, jusqu'à présent, pas obtenu son agrément. Pourtant, l'invité de la Chaîne I affirme que plusieurs dossiers ont été transmis au ministère de l'Intérieur, mais en vain. L'association continue de collaborer avec les instances onusiennes et les ONG internationales, en attendant la réponse du département de l'intérieur. Revenant sur le dernier rapport de Transparency International qui classe l'Algérie à la 84e place sur 163 pays, en matière de prévalence de la corruption, le conférencier relève que la situation en Algérie est de plus en plus inquiétante. De ce fait, il suggère la publication immédiate des textes d'application. «Nous espérons que les textes seront bientôt publiés afin de mettre en oeuvre le dispositif de lutte», estime-t-il. Cela dit, M.Hadjadj reste confiant dans les chiffres annoncés par l'ONG qui se base sur ses études et des sources d'information fiables. Il justifiera ses propos en indiquant que plusieurs sondages d'opinion réalisés par différents bureaux sont parvenus au même résultat. Le représentant reconnaît, toutefois, qu'il y a une volonté de mettre à l'abri la société et l'environnement économique de ce phénomène. Il citera, dans ce sens, les différents scandales financiers dans lesquels ont été impliqués des responsables, entre autres, l'affaire de la banque Badr et l'affaire BRC. Sur ce sujet, le représentant plaide pour une poursuite de la responsabilité des trois patrons de sociétés impliqués dans cette affaire. Toujours dans ce cadre, le représentant considère que l'opération coup de gueule, effectuée au niveau des collectivités locales avec 1500 élus traduits en justice, est un signe fort de la part de l'Etat. Le représentant n'a pas omis de critiquer la loi sur la corruption. Celle-ci n'offre pas de larges prérogatives aux organismes de lutte contre la corruption. La lutte contre ce phénomène exige l'indépendance des organismes de lutte et l'implication de la société civile ainsi que l'accès aux sources d'information. Sans omettre une coordination étroite entre les différents organismes. Enfin, le représentant affirme que l'Algérie a intérêt à procéder à la publication des textes d'application et l'installation de la Commission de lutte contre la corruption. Celle-ci sera interpellée sur ce processus, lors de sa participation à la première conférence des pays adhérents à la convention onusienne qui se tiendra, en décembre prochain, en Jordanie.