L'automne tire à sa fin et aucune goutte d'eau n'est venue du ciel. La persistance du climat sec en Algérie fait planer le spectre du rationnement de l'eau vécu par les Algériens en 2001. L'automne tire à sa fin et aucune goutte d'eau n'est venue du ciel pour dissiper cette angoisse qui prend à la gorge différentes couches de la société. Les responsables du secteur ont, certes, donné l'alerte mais rien ne semble accompagner concrètement cet intérêt accordé au phénomène. Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a annoncé un plan d'action visant à diminuer la consommation de l'eau plus particulièrement dans le domaine agricole. Alors que dans les rues des grandes villes d'Algérie, on s'attend à un plan Orsec qui fait rappeler la pénurie qui a failli, en 2000 et 2001, pousser le pays à importer carrément de l'eau par bateaux de l'Europe. Il ne s'agissait pourtant pas d'une blague mais d'une dure réalité qui a mené à des formes d'émeute dans certains quartiers qui ne recevaient pas leur quota pendant des semaines. Pour parer à ce genre d'imprévu, le ministre avait annoncé, en 2005, l'investissement de pas moins de 7 milliards de dollars consacrés par les pouvoirs publics au secteur de l'eau sur une période qui s'étale jusqu'à 2009, dans le cadre du plan de soutien à la croissance économique. L'une des décisions fortes prises par la tutelle a été de confier la gestion des eaux, dans les grandes villes, à la société française Suez dans le cadre d'une gestion déléguée des réseaux de distribution. Alger a été la première à vivre cette expérience qui vise à réduire les pertes en eau potables qui avoisinent les 40% du fait de la vétusté des réseaux et du manque de professionnalisme dans le domaine. La capitale a, de tout temps, souffert de la mauvaise distribution de l'eau malgré la mobilisation annuelle de pas moins de 675.000m3 d'eau pour un nombre de consommateurs qui avoisine les 3 millions d'habitants. Ce qui correspond à l'approvisionnement de villes plus importantes en Europe. Le problème de l'eau en Algérie n'est pas seulement d'ordre climatique mais tient aussi de la mauvaise gestion de cette ressource qui tend à se raréfier. De même qu'un problème de communication et de confiance se pose entre les citoyens et les administrateurs chargés d'approvisionner les foyers de ce précieux liquide. Ces derniers jours, les discussions dans les chaumières et les coins de rue tournent majoritairement autour de ce sujet. Une certaine angoisse s'est emparée des citoyens. Même les prières des fidèles n'ont pas mis fin à la «stérilité» du ciel devenu avare en gouttes d'eau. Un médecin nous a même révélé que nombreux sont les patients qui viennent le voir pour une maladie quelconque, tout en présentant des signes d'anxiété par rapport au climat qui commence à faire peur. Les industriels et particulièrement dans le domaine de l'agroalimentaire se font des soucis quant à la persistance de cette situation. L'eau est à la base de leur production comme c'est le cas chez les producteurs de soda. Les agriculteurs commencent déjà à parer au plus pressé en se tournant vers les forages que le ministre a mentionnés comme l'une des solutions préconisées pour faire face au défi qui se pose aux agriculteurs. D'ailleurs, cette question a été le centre d'intérêt des autorités qui avaient, l'année dernière, annoncé le recours à l'extraction de l'eau des nappes albiennes. Cette eau peut être exploitée à hauteur de 1,5 milliard de m3/an à 5 milliards de m3/an. Tamanrasset est la première ville qui sera alimentée par ce réseau qui, dans une seconde phase, desservira les villes des Hauts-Plateaux. Ceci s'ajoute aux procédés du dessalement de l'eau de mer et du traitement des eaux usées qui, faut-il le signaler, enregistrent une perte «sèche» de quelque 750 millions de m3, déversés dans la mer. Cette dernière est utile dans le secteur agricole. Alors n'y a-t-il pas lieu de s'inquiéter?