Tant que la Palestine reste une plaie ouverte D'abord Mohamed Bedjaoui ne manque pas de tirer les leçons de ce qui s'est passé ces dernières années, à la suite du lancement du processus de Barcelone. En remarquant que le partenariat euro-méditerranéen se trouve en face d'un double défi, marqué par l'agression sur le Liban, la poursuite des interminables exactions contre le peuple palestinien, le repli sur soi et le choc des cultures et des identités, la diabolisation des flux migratoires et l'accentuation du gap économique entre le nord et le sud sont hélas, les éléments du sombre tableau de notre réalité euro-méditerranéenne. M.Bedjaoui insiste particulièrement sur la situation du Moyen-Orient, où la question palestinienne reste une plaie ouverte. Beit Hanoune a subi la machine de mort et pour avoir fait un choix politique dans les règles de la démocratie, le peuple palestinien encourt le risque d'un drame humanitaire sans précédent. Face à cela, le ministre des Affaires étrangères appelle à adopter une attitude claire et courageuse, tranchant avec la posture malheureusement passive, entretenue jusque-là sur ce dossier. Après avoir rappelé ces vérités amères et regrettables, M.Bedjaoui fait siennes les préoccupations de la région, sur ce qui semble avoir perdu de son ampleur et de son rythme: à savoir le développement. M.Bedjaoui fait remarquer à juste titre qu'il est paradoxal qu'une entreprise comme celle de Barcelone, visant l'instauration d'une vaste zone de libre-échange et une prospérité partagée, n'ait consacré à la question du développement, en onze années d'existence, aucune rencontre ministérielle. D'où l'initiative prise par l'Algérie d'appeler aujourd'hui à l'organisation d'une conférence euro-méditerranéenne de haut niveau qui sera consacrée exclusivement à la problématique du développement et qui dotera notre partenariat d'une plate-forme novatrice en la matière. Cela veut dire que le partenariat dans la région ne pourra continuer à ignorer les aspirations fortes exprimées par les populations des deux rives de la Méditerranée à la paix et au développement. Il ne pourra continuer à se confiner dans une relation réduite en définitive à une Europe bailleur de fonds et une partie sud récipiendaire et assistée. Et M.Bedjaoui de saluer à sa juste mesure la décision prise par la conférence de mettre en place prochainement, le groupe ad hoc sur les moyens d'intensifier les flux d'investissements dans la région méditerranéenne, un mécanisme que l'Algérie n'a cessé de réclamer, en considérant la décision comme heureuse et louable. Elle pourrait constituer un premier pas et une étape préalable vers la tenue d'une véritable conférence sur le développement dans la région euro-méditerranéenne. Prenant un peu de recul, M.Bedjaoui tempère ses propos en affirmant que l'appréciation critique du bilan de Barcelone ne doit, en aucun cas, affecter notre attachement profond à ce processus; puisque devant la déferlante de la mondialisation et les stratégies des mégaregroupements économiques, le rassemblement euro-méditerranéen de par son originalité, ses affinités et les liens géographiques et historiques qui le caractérisent, demeure un cadre utile et propice.