C'est aujourd'hui que s'ouvre à l'hôtel Sheraton à Alger la 15e conférence ministérielle du forum méditerranéen. Les représentants de l'Egypte, de la Tunisie, du Maroc, de la France, de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, de la Grèce, de la Turquie et de Malte seront du forum. La Libye qui exerce actuellement la présidence de l'Union du Maghreb arabe et la Slovénie qui préside jusqu'au 1er juillet prochain l'Union européenne prendront également part à ce forum. Il va sans dire que le point focal qui retiendra l'attention de cette 15e conférence reste l'union pour la Méditerranée (UPM), chère à la France. Laquelle fait dans l'offensive diplomatique pour faire adhérer l'Algérie à ce projet, consciente que sans elle, l'UPM est vouée à l'échec. Toutefois, l'Algérie a émis beaucoup de réserves quant à cette initiative. A juste titre au demeurant. En ce sens que les contours de ce projet ne sont pas vraiment définis. Ce, d'autant que l'entreprise qui ne concernait que les pays du pourtour méditerranéen s'est transformée en une sorte de projet d'association entre l'Union européenne (y compris les pays européens non méditerranéens) et les pays du Sud. Un processus de Barcelone bis qui ne dit pas son nom. Un processus de Barcelone qui a montré ses limites. Avec son lot d'échecs sur les plans politique (démocratie et droits de l'Homme), économique (zone de libre-échange euro-méditerranéenne) ou encore socio-culturel (dialogue des cultures). Ces mêmes éléments sont apparemment reconduits dans l'UPM dont les initiateurs ne semblent pas avoir tiré les leçons du processus de Barcelone. Ce, d'autant que la stagnation du processus est liée pour une grande partie au non-règlement de la question de l'indépendance de la Palestine. Aussi la question du Proche-Orient reste le nœud gordien de toute coopération. Certains euro-députés ont été jusqu'à dire que, tant que le conflit dans cette région du monde n'est pas aplani, «on ne donne pas cher des tentatives de coopération multilatérale entre l'Europe, Israël, les pays arabes et la Turquie». Ce n'est pas, bien sûr, la seule raison de l'échec du processus de Barcelone et de l'hésitation de certains pays, dont l'Algérie, quant à l'adhésion à l'UPM. Les pays du Sud continuent en effet à être considérés par ceux du Nord comme des marchés importants où seul le commerce est rentable. La question de la sécurité de l'Europe –quasi exclusivement- est mise en avant, surtout que le Vieux Continent a représenté pendant longtemps une terre d'asile pour les terroristes qui y préparaient leurs plans. La fameuse charte «pour la paix et la stabilité en région méditerranéenne», décidée lors de la conférence ministérielle de Malte en 1997 est restée lettre morte. Onze ans après, avec le lancement de l'UPM, il est fort probable que la question soit de nouveau mise sur la table. Telle que conçue, et avec les bribes d'éléments connues, l'UPM ne saurait prendre une autre voie que celle du processus de Barcelone, avec cette nuance que celui-ci a été élaboré dans le cadre de l'association de l'ensemble des pays concernés. Ce qui n'est pas le cas pour l'UPM, dont même les structures et les décisions ont été mises en place dans l'opacité. Une manière de signifier aux pays du Sud qu'il faut d'abord adhérer puis débattre, «car nous avons tout fait en matière d'organisation». Aussi, le forum qui s'ouvre aujourd'hui à Alger ne manquera certainement pas d'aborder ce sujet. Surtout que l'Algérie a émis beaucoup de réserves. Elle ne peut effectivement accepter de bâtir ses relations de «partenariat stratégique» avec un pays qui occupe les territoires d'un autre. Un argument massue qui constitue un frein non négligeable à tout projet de cette envergure. Cela sans compter les autres domaines, notamment économiques, et le transfert de technologie et l'énergie. Dès lors, le pari de l'UPM se révèle extrêmement risqué. F. A.