Le soutien financier de l'ONU à notre pays a été suspendu. La lutte contre le sida en Algérie est loin d'atteindre les objectifs escomptés. La pandémie est en nette progression, faisant des dizaines de victimes. Le constat est alarmant et des mesures urgentes doivent être prises par les pouvoirs publics, aussi bien sur le plan thérapeutique que pédagogique. Présentant le bilan 2006 des activités de l'association Aids Algérie qu'il préside, ce, avant la célébration, le 1er décembre, de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Adel Zeddam a mis en exergue les campagnes de sensibilisation et d'information lancées par l'association au profit des jeunes (20 à 30 ans), les plus exposés au VIH/sida. Aids Algérie s'est ainsi déployée dans 15 wilayas où ses actions de sensibilisation ont touché plus de 148.000 personnes, 34 associations et 142 élus locaux, alors que 800.000 préservatifs étaient distribués gratuitement. Tous les partenaires nationaux et étrangers, dont le programme des Nations unies de lutte contre le sida et la Banque mondiale, ont été mobilisés pour lutter contre cette pandémie. Selon les dernières statistiques (septembre 2006), l'Algérie compte 740 sidéens, dont 282 sont morts, et 2092 séropositifs. Les précédentes statistiques, fin novembre 2004, faisaient état de 635 malades du sida et de 1657 séropositifs. En 2003, il y avait en Algérie 605 cas de sida et 1373 séropositifs, selon des chiffres officiels. Une moyenne de 40 nouveaux cas de sida et de 120 nouveaux cas de séropositivité sont enregistrés, chaque année, en Algérie, selon le ministère de la Santé. Bien que de «progression lente» par rapport à d'autres pays, c'est là un bilan inquiétant de par son «accroissement sensible», qu'a présenté récemment A. Zeddam. Il a, en outre, déploré la suspension par l'ONU de son soutien financier à l'Algérie, pionnière en matière de lutte contre le sida en Afrique du Nord et au Moyen-Orient portant ainsi préjudice à la crédibilité de l'Algérie. Les onze associations nationales spécialisées dans ce domaine ont vu leurs activités compromises, car privées d'une importante ressource financière. Et pour cause, le Fonds des Nations unies de lutte contre le sida a consacré à l'Algérie 8.900.000 dollars pour une durée de trois ans alors que seulement 2,5 millions de dollars ont été dépensés, ce qui constitue, estime le Fonds, un retard flagrant dans l'utilisation des fonds alloués à l'Algérie. Mme Samia Lounès, coordonnatrice de l'organisation onusienne pour la lutte contre le sida en Algérie, a annoncé l'introduction d'un nouveau programme de lutte en Algérie pour la période 2007-2011. Il porte sur trois axes principaux qui permettent aux malades de bénéficier des mesures de prévention de manière progressive. Cependant, parler de sida en Algérie, demeure un tabou, d'autant plus que pour des considérations religieuses, il est inconcevable de lier la lutte contre cette maladie à la simple utilisation du préservatif. Un usage qui est en lui-même une atteinte à l'Islam, puisque les relations extraconjugales sont catégoriquement bannies. Par ailleurs, Mme Lounès a indiqué que le rapport mondial rendu public en 2005 par l'Onusida et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), fait état de 38,5 millions de sidéens recensés de 1985 à 2005. En dépit de ces efforts, «4 millions de nouveaux cas et 3 millions de cas de décès ont été enregistrés en 2005», a rappelé Mme Lounès, ajoutant que «11.000 sidéens sont enregistrés chaque jour à travers le monde dont 50% parmi les jeunes». La Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) a mené récemment une intéressante enquête sur le comportement des nationaux vis-à-vis du sida. Il ressort des résultats de cette investigation qui a touché un éventail de 5317 individus âgés de moins de 20 ans à plus de 35 ans, que 40% d'entre eux s'estiment être mal (ou très mal) informés de la maladie et sur les moyens de prévention alors que 58% déplorent l'insuffisance d'informations à ce sujet et 67% demandent encore plus d'informations, de prévention, et aussi davantage de sensibilisation. Durant la campagne d'information qui se déroule du 25 novembre au 5 décembre, de nombreuses conférences de sensibilisation, expositions, de formation des médiateurs et d'étudiants, notamment africains en Algérie, se tiendront dans diverses villes d'Algérie. Nous citerons particulièrement la conférence débat, autour du thème «Sida 2006 et recherche,passer aux actes», programmée hier en fin de journée, à la Bibliothèque nationale et animée par le professeur Kamel Senhadji, directeur de recherche à Lyon (France), spécialiste du sida.