Des cadres de l'ex-AIS se réuniront le 13 janvier prochain pour évaluer l'état de leurs troupes, près de deux ans après l'accord conclu avec l'armée. Dans quelques jours, l'autodissolution de l'AIS aura bouclé sa seconde année. Près de 3.000 éléments armés affiliés à l'AIS ont déposé les armes et rejoint la trêve négociée avec l'armée. Plusieurs groupes, qui combattaient sous la bannière du GIA, du Gspc et d'El-Ahoual, avaient rejoint les rangs de cette organisation considérée comme le bras armé du FIS, afin de bénéficier des lois portant amnistie. Deux années après la fin de l'AIS, on en parle encore. En termes «légaux». Et aujourd'hui encore, l'on parle d'un conclave qui réunirait les principaux chefs de guerre de l'AIS, comme l'émir national Madani Mezrag, à l'Est, «El-Hadj» Mustapha Kertali, au Centre (Larbaâ) et Ahmed Benaïcha à l'Ouest. Cette spéculation est d'autant plus renforcée qu'elle avait été précédée de plusieurs réunions secrètes, organisées aussi bien à l'Est qu'au Centre et avaient permis aux chefs de l'AIS de mettre en avant les «exigences» de l'organisation au terme des accords concoctés avec l'ANP. La plupart des chefs de l'AIS auxquels s'était joint Ali Benhadjar, émir de la LIDD (Ligue islamique de la daâwa et du djihad), à la tête de ses 250 hommes stationnés à Tamesguida, avaient affiché leur désapprobation quant à la façon avec laquelle étaient traités leurs hommes. Cantonnés à Larbaâ, Collo, Relizane et Jijel, la plupart des repentis de l'AIS reprochaient à leurs chefs de n'avoir été ni réinsérés dans la société ni d'avoir bénéficié d'une quelconque aide leur facilitant l'accès à la vie civile normale. Pour la plupart, c'était le chômage, ou la vente ambulante qui était l'issue. Rares sont ceux qui ont pu, avec l'aide de leur famille, refaire surface et ouvrir quelques petits commerces à la périphérie des villages. Selon certaines sources, le conclave du 13 janvier serait destiné à voir où en est l'évolution des accords avec l'armée. Pour l'Etat, ces accords n'existent pas, par écrit, et n'engagent en rien ses institutions. En outre, si les repentis arrivent difficilement à trouver un emploi, c'est là, un problème spécifique à tous les Algériens. Contacté pour donner son avis à ce propos, Abdelkader Boukhamkham, un des leaders de l'ex-FIS les plus introduits dans l'AIS, affirme que ce conclave est une «spéculation pure», qu'il n'existe pas réellement et que, en revanche, le problème de l'AIS, avec sa déferlante de repentis, «existe réellement» et se pose, même «avec acuité». Dans moins de deux semaines, soit le 13 janvier 2002, l'AIS bouclera sa seconde année d'autodissolution. Le crédit dont semblent bénéficier ses chefs auprès des autorités locales semble plaider pour un arrangement «qui tarde à venir». Le gel des activités de la «Katiba Nidaâ el-Ouma», seul canal qui permettait aux islamistes du parti dissous de s'exprimer, plaide, lui aussi, en faveur de l'imminence d'un «point de chute» pour la nébuleuse islamiste.