Cette manifestation est un signe fort en direction des partenaires régionaux et internationaux. «Il est temps de se réveiller. Je lance de cette tribune, qui m'est offerte un signal d'alerte pour combattre le phénomène de la drogue qui a pris de l'ampleur et qui menace notre jeunesse et la société entière.» C'est en ces termes que s'est adressé le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, M.Abdelmalek Sayah, à l'assistance composée de différents corps de sécurité, de spécialistes du corps médical, de juristes et d'éminentes personnalités étrangères représentants d'organisations internationales de lutte contre la drogue, lors de la première journée de la Conférence internationale sous le thème «Rôle de la recherche scientifique pour l'élaboration de politiques de lutte contre la drogue» qui se tient les 3 et 4 décembre au Cercle national de l'armée, à Béni Messous (Alger). Manifestation organisée conjointement par cet office et le groupe Pompidou, sous le patronage du ministre de la Justice, garde des Sceaux, M.Tayeb Belaïz, qui a adressé aux conférenciers un message lu par son secrétaire général, M.Messaoud Boufercha, dans lequel il a tenu à rappeler la position des Nations unies par rapport au phénomène de la propagation de la drogue dont la menace croissante n'épargne personne. Cette situation d'urgence a «poussé la communauté internationale, notamment l'Assemblée générale de l'ONU, à prendre des mesures s'appuyant sur le travail coordonné dans le cadre de programmes onusiens à l'échelle nationale, régionale et mondiale». Cette conférence a permis le rapprochement de différents organismes de lutte contre le phénomène de la drogue à l'échelle internationale, notamment le groupe Pompidou, représentant du Conseil européen et l'Observatoire français des drogues et des toxicomanes, des représentants du Conseil interministériel de la Ligue arabe, un représentant des Nations unies, de la Tunisie et du Maroc. Dans son intervention, M.Christopher Lucket, (groupe Pompidou), a mis l'accent sur la volonté de son organisme à apporter l'aide nécessaire à l'Algérie et transmettre «l'expérience et le savoir-faire en matière d'expertise dans la lutte contre la drogue». «Nous n'avons pas de solution toute faite à proposer, car chaque pays a ses propres spécificités», a-t-il tenu à souligner. Pour le représentant de l'UE, la priorité du groupe Pompidou reste l'aspect politique, pratique et l'introduction de l'outil scientifique dans cette lutte. Il mettra en évidence la récente conclusion d'un accord de partenariat pour la collaboration franco-néerlandaise dans cette lutte à travers l'échange de données et d'informations sur ce phénomène ravageur. Cette conférence marque, aussi, aux yeux de M.Abdelmalek Sayah, le début d'une campagne de lutte à grande échelle qu'entame l'Office national de lutte contre la drogue. Elle sera axée sur les volets suivants: coordination avec les institutions nationales et internationales, l'information et la sensibilisation de la société avec le recueil du maximum de données sur le phénomène, car comme il a tenu à le préciser «personne et aucun organisme ne détient les vrais chiffres sur la drogue et la toxicomanie» en rappelant que les statistiques livrées par les services de sécurité concernant les saisies opérées, ne représentent que 10 à 15% de la quantité en circulation sur le territoire national. Une manière de dire que l'Algérie n'est plus une simple zone de transit mais un pays touché de plein fouet par le phénomène de la consommation de la drogue. Sa position de voisinage avec le premier pays producteur de cannabis, le Maroc, l'expose à une menace permanente et croissante. L'adaptation de l'arsenal juridique aux nouveaux défis de la criminalité, a été mise en exergue dans l'allocution du ministre de la Justice qui note que la lutte contre la drogue «ne saurait être réalisée qu'à travers l'adoption des normes et critères scientifiques internationaux dans le domaine de la recherche, de l'investigation et de l'information en matière de lutte contre le crime et de justice pénale». Dans ce registre, la prévention et la répression contre l'usage et le trafic illicites de drogue et des psychotropes, promulguée en 2004 prévoient «des mesures préventives qui renforcent l'intervention efficace dans la protection de la santé des populations menacées par l'exacerbation et la propagation de ce fléau». Cette loi constitue «une unité indivisible du train de lois réprimant le crime organisé, compte tenu du lien étroit entre le trafic illicite de drogue et les autres activités criminelles». Cette manifestation organisée par l'Algérie est un signe fort en direction des partenaires régionaux et internationaux pour la mise en place d'un réseau d'informations pour une collaboration sérieuse et efficace en vue d'enrayer ses effets ou, du moins, diminuer sa propagation et son influence désastreuse. Elle vient après la participation de notre pays, au mois de mai dernier, aux travaux du réseau euro-Méditerranée de lutte contre la drogue, tenu à Amsterdam (Pays-Bas). A la fin de cette conférence est prévue une séance de travail qui regroupera, probablement demain, les représentants des trois pays maghrébins, à savoir l'Algérie, le Maroc et la Tunisie et ceux des Pays-Bas et de la France, pour discuter ensemble des voies et moyens d'une coopération pour la lutte contre ce phénomène.