Ils transitent la drogue vers l'Europe et l'Amérique du Nord via des pays africains. La seconde journée de la Conférence internationale sur le rôle de la «Recherche scientifique dans l'élaboration de politiques en matière de lutte contre la drogue» qui se tient au Cercle national de l'armée, a été consacrée à la présentation des communications portant sur les modes d'utilisation des méthodes scientifiques dans la collecte, le traitement et l'analyse des donnes concernant le phénomène de consommation et de propagation de la drogue. La question centrale des thèmes abordés par les différents experts a été celle de l'attitude à adopter face au manque de données. Des exemples, tirés des projets de recherche, développés par le Groupe Pompidou, ont été présentés au parterre de spécialistes en tous genres (différents corps de sécurité et de Douanes, corps médical et experts de la lutte contre la drogue) présents dans la salle. L'exemple, élaboré par le Groupe Pompidou a été présenté par M.Ruud Blees (Pays-Bas). Il se base, essentiellement, sur l'observation, la collecte et le traitement par étape d'information sur les habitudes et les tendances à la consommation recueillies à travers un travail de terrain, laissant le soin aux politiques de faire des lectures adéquates. Les travaux de la matinée ont été dirigés par M.Patrick Sansoy, membre de la Mission interministérielle de la lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt). Mme Margarate Noël-Molnar, représentante de l'Office régional pour l'ouest et le centre de l'Afrique, qui travaille dans le cadre du programme des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), a brossé un tableau global sur la situation du phénomène de la drogue dans des pays tels que le Nigeria, le Cap Vert, le Burkina Faso qui ont le profil de pays émergents en matière de consommation et de transit des drogues dites dures, à savoir l'héroïne et la cocaïne. De par sa situation géographique, l'Afrique est, note-t-elle, inondée par les narcotrafiquants qui transitent la drogue vers l'Europe et l'Amérique du Nord via des pays comme le Cap-Vert et le Nigéria qui se distinguent par la croissance de la catégorie de toxicomanes injecteurs de cocaïne. Au travers des rapports rendus publics par les différents organismes de lutte participant à cette conférence, il ressort que l'Algérie encourt des risques terribles de voir le phénomène de la toxicomanie prendre en tenaille la jeunesse algérienne. Sinon quel est la lecture à faire au vu du constat établi par les experts qui ont noté que les centres diffuseurs de la drogue, en Afrique, sont essentiellement postés de manière à encercler notre pays. D'un côté, le Maroc avec ses tonnes de cannabis et de l'autre l'Afrique noire avec l'héroïne et la cocaïne acheminées respectivement de l'Afghanistan et des pays d'Amérique latine dont la Colombie. Un expert français n'a pas caché ses appréhensions de voir l'Algérie faire l'objet d'une pénétration soutenue et à grande échelle de la drogue. Une menace réelle qui commence à devenir une réalité quotidienne dans son volet cannabis. Le phénomène a pris de l'ampleur, à l'abri de la situation sécuritaire interne induite par le terrorisme que les spécialistes de la lutte contre ce phénomène n'ont pas omis de rattacher à la prospérité du commerce de la drogue. Une jonction de criminalité qui prend en otage la société algérienne. L'Office national de lutte conte la drogue et la toxicomanie, coorganisateur de cette Conférence, exprime, à l'occasion, la volonté politique de l'Algérie à combattre la drogue comme elle l'a fait avec le terrorisme, c'est-à-dire sans concession aucune.