«Ma mission en Algérie vise l'approfondissement des relations entre l'Algérie et la France», a-t-il déclaré. «La feuille de route de ma mission en Algérie est extrêmement claire. Elle repose sur la Déclaration d'Alger, adoptée par les deux présidents (Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac), en mars 2003, qui prévoit un approfondissement de la relation entre l'Algérie et la France dans tous les domaines», a, d'emblée, déclaré Bernard Bajolet, à l'issue de l'audience que lui a accordée, dimanche soir, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika. Ces propos viennent en droite ligne des déclarations du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. En effet, dans un message de remerciements à son homologue français, et en réponse aux félicitations que celui-ci lui a adressées à l'occasion de la célébration du 52e anniversaire de la révolution nationale, le président algérien souligne sa conviction que «le processus de refondation de nos relations bilatérales, tel que nous l'avons engagé, permettra de conférer à ces relations une ampleur et une profondeur en adéquation avec les objectifs que nous nous sommes assignés dans la Déclaration d'Alger en mars 2003». En affirmant que sa mission, à Alger, consiste à contribuer à l'approfondissement des relations entre l'Algérie et la France dans tous les domaines, Bernard Bajolet donne, d'ores et déjà, le ton quant à ses ambitions mais surtout à sa future mission. A ce sujet, il a, en outre, affirmé que l'approfondissement des relations bilatérales devra conduire «à un partenariat d'exception, à des relations privilégiées et à une refondation des relations entre l'Algérie et la France». Clair, net et précis. A la lecture de ces déclarations, il est aisé de déduire que l'une des missions du nouvel ambassadeur de France, à Alger, est de donner une nouvelle âme aux relations algéro-françaises. En filigrane, le nouvel ambassadeur de la République française en Algérie ambitionne de réactiver le traité d'amitié, gelé depuis quelque temps en raison de la tension provoquée par la loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme. Difficile mission quand on sait que son prédécesseur, Hubert Colin de Verdière, était à «deux doigts» de réussir dans son oeuvre de réconciliation. Colin de Verdière n'avait pas hésité à qualifier les événements du 8 Mai 1945 de Sétif de «massacres» et de «tragédie». Une position qui lui a valu l'estime de toute l'Algérie. Néanmoins, Bernard Bajolet, en vieux renard de la politique extérieure pour avoir été en poste en Jordanie, Bosnie et surtout récemment en Irak, est en mesure de mener à terme l'oeuvre inachevée de Hubert Colin de Verdière, pour peu que la volonté politique, affichée par les deux parties, soit mise en application. Dans ce contexte, la déclaration de Nicolas Sarkozy laisse présager un avenir meilleur. En effet, de l'avis même de Nicolas Sarkozy, Alger et Paris sont condamnés à regarder communément vers l'avenir. En prônant lors de sa visite à Alger, l'«apaisement» dans les relations entre l'Algérie et la France, le ministre français et candidat UMP à l'élection présidentielle de 2007, avait, cependant, déclaré que «cela reste du ressort des deux présidents» en référence à la signature du traité d'amitié. Tandis que Bouteflika a souligné que «rien n'est impossible dans la vie». Aussi, même s'il est un habitué des missions délicates, il n'en demeure pas moins que sa mission demeure difficile du fait qu'elle consiste à décrisper les relations algéro-françaises, notamment concernant l'épineuse question du «devoir de repentance». En outre, Hubert Colin de Verdière est parti sur un goût d'inachevé pour ne pas avoir mené à terme le projet du traité d'amitié. Aussi, la nomination de Bernard Bajolet est un autre signe que Paris veut hisser au plus haut les relations entre les deux pays, pour être un fin connaisseur des questions arabes et maghrébines. D'ailleurs, il maîtrise très bien l'arabe parlé au même titre que le nouvel ambassadeur américain à Alger, Robert S.Ford. Mais ceci est une autre paire de manches.