L'assemblée constitutive de cette nouvelle union aura lieu le mois de février 2007 au Maroc. Les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) entendent «fusionner» économiquement. Les chefs d'Etat ont d'ores et déjà approuvé une telle perspective. L'initiative de mettre sur pied une entité économique maghrébine répond à la nécessité absolue d'agir en équipe afin de mieux affronter les défis auxquels sont confrontés les pays du Maghreb. Chaque membre de cette naissante Union maghrébine économique connaît maintenant son rôle. Une équipe de cinq organisations patronales, venues de chaque pays de l'UMA, a planché sur les conséquences concrètes de cette fusion. Au-delà des «incompréhensions» d'ordre politique, les pays de l'UMA sont condamnés plus que jamais à réussir l'intégration économique. Avant d'engager le processus de rapprochement à proprement parler, les cinq organisations (lire l'entretien ci-dessous) se sont concerté «en coulisses», appuyées par les hautes instances officielles des pays représentés. L'objectif est de créer une UMA économique et réussir l'intégration des cinq pays. Le projet a pris, relève-t-on, cette fois-ci, un tour plus que jamais décisif. Pendant ce temps, des accointances et des conciliabules, dans l'entourage des membres fondateurs, l'on indiquait simplement que le processus de rapprochement devra continuer à aller de l'avant. L'étape actuelle consiste à mettre en place les structures de cette entité, puisque le règlement et le modèle de fonctionnement sont d'ores et déjà adoptés. Une autre étape indispensable, dite de concertation économique de base, interviendra en février de l'année prochaine, annonce-t-on du côté de l'Utica (Union tunisienne de l'industrie, de commerce et de l'artisanat). «Sa création témoigne, en effet, du rôle imparti aux hommes d'affaires et au secteur privé dans la concrétisation de la complémentarité économique entre les pays maghrébins et l'amélioration de leur compétitivité, et ce, en vue de réaliser le développement durable à la population maghrébine, impulser les investissements et promouvoir les échanges commerciaux entre les pays de la région». C'est ainsi que l'Utica qualifie l'initiative nouvelle de l'UMA. Pour le représentant tunisien, comme pour son gouvernement, il s'agit maintenant d'atteindre coûte que coûte la vitesse de croisière, afin de faire fonctionner cette machine mise sur les rails. L'on annonce déjà, côté Utica, une énième réunion au sommet. «La réunion des présidents des centrales patronales maghrébines a donné, également, lieu à la décision de tenir une assemblée constitutive de cette nouvelle union au cours du mois de février 2007 au Maroc, à l'occasion de la célébration du 18ème anniversaire de l'Union du Maghreb arabe». Le train apparaît ainsi en pleine ligne droite. Il faut attendre la concrétisation d'autres projets y afférents, à savoir, le siège et les structures annexes. Ainsi, d'abord, les politiques ont compris qu'il est inévitable d'appliquer le principe dit «laisser faire, laisser passer» et rendre ainsi à César ce qui appartient à César. C'est-à-dire, laisser les opérateurs économiques travailler et récupérer le retard perdu dans le chantier de l'UMA qui traîne comme un boulet au pied. L'odeur de l'approbation politique de ce projet se fait sentir. Zine El Abidine Ben Ali, le président de la République tunisienne, a ouvertement exprimé son acquiescement. «Il me plait de saluer les dirigeants et les représentants des organisations patronales des pays maghrébins et auxquels j'exprime ma considération pour leur initiative de créer l'organisation patronale maghrébine, en formant le souhait que cette nouvelle structure constitue un nouveau stimulant en faveur de l'intégration économique entre nos pays». Une fusion approuvée. Les possibilités de partenariat économique s'offrent plus largement. Quelques exemples: l'UMA s'est prononcée favorablement pour la relance du gazoduc qui relie l'Italie et la Yougoslavie par la Tunisie. Construit dès 1980, cette connexion énergétique euro-maghrébine est rétablie vers l'Espagne via le Maroc. La Libye, la Mauritanie, mais aussi l'Algérie pourraient bénéficier, dans le domaine agricole, du savoir-faire et la main-d'oeuvre tunisienne et marocaine. Deux pays à compétences reconnues dans le secteur de la pêche, la Tunisie et le Maroc pourraient aussi servir la Libye et de la Mauritanie. Ainsi, le marché maghrébin, qui pèsera en 2025 quelque 107 millions de consommateurs, offrira de plus vastes possibilités que les seuls marchés nationaux. En terme de relations avec l'Europe, qui, selon toute vraisemblance, a toujours privilégié des rapports ciblés au détriment d'une négociation directe avec une entité maghrébine, l'UE va devoir se référer au principe de «l'intérêt commun». Le Maghreb ne compte actuellement que près de 3% dans les échanges de l'Union européenne. Seuls les produits alimentaires et industriels, savoir-faire et technologie s'échangent contre hydrocarbures et produits miniers. Du côté algérien, les responsables, à commencer par le chef de l'Etat, n'ont cessé de plaider pour l'intégration comme seul moyen de faire face aux défis. D'ailleurs, dans un message de félicitations, adressé récemment au souverain marocain, à l'occasion du 51e anniversaire de l'Indépendance du Maroc, Abdelaziz Bouteflika a réitéré la volonté de l'Algérie d'«asseoir les bases solides de coopération pour promouvoir nos relations au mieux des intérêts communs». Mohammed VI a, de son côté, émis le voeu de remettre sur les rails le projet de l'Union maghrébine. Le constat actuel: une morosité s'est emparée de l'Union au moment où les autres ensembles, un peu partout dans le monde, se consolident et deviennent de plus en plus imposants.