L'ouverture de la distribution au privé va engendrer la perte de 5000 postes d'emploi. L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) a réaffirmé, hier, son désaccord avec les dernières déclarations du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière relatives au contrôle des médicaments. «Ça ne sert à rien de perdre le temps avec ces déclarations. Le plus important, c'est de revoir les textes qui régissent le secteur», a déclaré, hier, le président de l'Unop lors d'une conférence de presse organisée à Alger. Le but étant de clarifier les missions et les visions de cette union qui regroupe une trentaine de laboratoires avec une part de 75% du marché des produits pharmaceutiques. L'union dénonce l'inégalité dans le traitement des dossiers des producteurs nationaux au niveau du ministère de la Santé en demandant une application des lois. Cette inégalité risque de casser, à tout jamais, la production nationale, estiment les représentants de l'Unop. Certains parlent même de lobbies étrangers qui s'installent et qui s'organisent pour constituer une force à concurrencer l'Unop. Les représentants ont, également, désapprouvé l'ouverture au privé, qui s'est aussi manifestée, dans la distribution pharmaceutique. Chose qui a mené le Dr Djebbar des laboratoires Djebbar à évoquer ce problème qui vient s'ajouter à celui de la production. «La filière de la distribution risque de disparaître à tout moment», a-t-il dit. Selon lui, une société française d'importation et de distribution des produits pharmaceutiques (Epdis) s'est installée cette année en Algérie et a pris le monopole dans la distribution. Le Dr Djebbar révélera, à ce propos, que 4000 à 5000 emplois sont menacés de disparition. Il indiquera également que «nos unités souffrent de l'importation et n'arrivent plus à lui faire face». Il y a lieu de signaler que la production-distribution privée est représentée par environ 18 laboratoires privés et 13 conditionneurs. Alors que l'importation privée est représentée par 75 opérateurs (y compris les producteurs cités), dont une vingtaine assure l'essentiel des importations. Cette liste était de 120 opérateurs (en 2000), 27 (en 2001), puis 16 (en 2002). En 2003, 16 opérateurs (dont les 4 grands importateurs: Biopharm, Somedial, Prodifal et Copharm) se sont vu notifier une mise en demeure de dix mois à six mois pour concrétiser leur obligation de projet d'investissement. L'autre point noir, relevé par l'Unop, concerne l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. «Comment peut-on négocier l'avenir d'un secteur sans associer les concernés?», s'est interrogé M.Mellah du laboratoire Mérinal. L'Unop a même soumis des propositions dans ce sens au ministère de la Santé ainsi qu'au gouvernement. M.Mellah dira que personne n'a réagi. S'agissant de la facture des médicaments qui est qualifiée de lourde par le ministère de la Santé, M.Mellah estime que le problème ne réside pas dans la facture mais plutôt dans la manière des dépenses. «Nous ne dépensons pas assez. Nous dépensons mal». Les perspectives de l'Unop pour 2010 révèlent que si l'industrie pharmaceutique nationale est soutenue, elle pourra couvrir 62% du marché avec la création de 10.000 postes d'emplois directs et 30.000 indirects.