Le crash de l'avion français dans une zone d'implantation de groupes armés, avait ouvert les portes à toutes les spéculations. Le pilote d'un Mirage français de type F1 a dû s'éjecter de son appareil, «pour une raison encore indéterminée», mercredi, lors d'une mission effectuée, depuis le Tchad. Le pilote a été «récupéré sain et sauf», a indiqué le communiqué du ministère français de la Défense, précisant que l'avion «s'est écrasé sur une zone non habitée au sud-est de l'Algérie, sans causer de dommages aux tiers». Selon un communiqué du ministère de la Défense «cet appareil qui effectuait une mission programmée, depuis N'Djamena (Tchad) vers la métropole, était intégré à un dispositif aérien comprenant un Boeing ravitailleur C135 et trois Mirage F1», puis le communiqué conclut qu'«une enquête sera diligentée afin de déterminer les circonstances de l'accident». La présence militaire dans la bande ouest du Sahel, notamment au Tchad, a été renforcée, apportant un soutien discret au président Idris Déby, en proie à de profondes dissensions internes, avec au moins deux groupes armés, très actifs dans le Ténéré et à la lisière des frontières avec le Tchad. La France a renforcé, fin novembre 2006, son plan dit «dispositif Epervier», déployé depuis 1986 au Tchad et qui compte, désormais, environ 1200 hommes, des hélicoptères, des blindés ainsi que des chasseurs Mirage F1, des appareils de transport, de reconnaissance et des ravitailleurs. Il y a quelques semaines, le 24 octobre plus exactement, le tir d'un missile sol-air contre un avion de reconnaissance français, Breguet Atlantique dans l'est du Tchad, avait ravivé les craintes de Paris sur le niveau d'armement de la rébellion et sa détermination à prendre le pouvoir au Tchad. Les Mirage F1, basés au Tchad, sont également intervenus, le week-end dernier, contre les rebelles de l'Ufdr, un mouvement armé hostile au régime centrafricain soutenu par Paris, dans des combats qui se déroulent dans le nord-est de la Centrafrique, non loin du Tchad et du Soudan. Vendredi, un militaire français y avait été sérieusement blessé aux jambes. Un Mirage F1 CT, de l'armée de l'air française, s'est écrasé en milieu de journée, vendredi, dans la région désertique d'Abéché, au nord du Tchad. Le pilote s'est éjecté et a été rapidement récupéré par les équipes de secours. L'accident a été provoqué par un oiseau que l'avion a percuté à grande vitesse: une «collision volatile» dans le jargon aéronautique. La France maintient en permanence un dispositif aérien au Tchad dans le cadre de l'opération Epervier. Cet accident est le troisième de l'année pour l'aviation militaire française. En mars, un Mirage 2000 D avait déjà percuté un volatile au large de la Corse, contraignant le pilote à l'éjection. En mai, un Mirage 2000-5 a été victime d'une panne alors qu'il s'apprêtait à se poser sur la base de Dijon-Longvic et s'était écrasé sur un hangar, sans faire de victime. Le crash de l'avion français, dans une zone d'implantation de groupes armés, avait ouvert les portes à toutes les spéculations. La région d'Oum el Bouaghi reste, à ce jour, infestée de groupes armés locaux, affiliés au Gspc, mais qui, heureusement, ne disposent pas de moyens qui pourraient mettre en péril ce genre d'avions de guerre. Cependant, il est vrai aussi qu'à la faveur des nouvelles mutations du Gspc, ces hypothèses sont à prendre en ligne de compte pour au moins deux raisons. La première est que le Gspc, largement présent dans la bande du Sahel, semble avoir contracté des «alliances utiles» avec des groupes armés locaux, notamment nigériens, maliens et tchadiens. La parenthèse du «coup de froid» avec le Mdjt tchadien, qui avait livré à l'Algérie via la Libye, le chef du Gspc, Ammari Saïfi, alias El-Para, après avoir été fait prisonnier par les rebelles dans le désert du Ténéré, a été vite fermée, le groupe opposé à Déby n'ayant rien récolté de cette transaction politico- sécuritaire dont le but avait été de faire passer le Mdjt pour une organisation d'opposition non liée au terrorisme. Aussi, le Tchad demeure le plus grand marché clandestin de l'armement et tous les groupes de la région saharo-sahélienne s'y alimentent. La seconde raison est que, depuis qu'il a prêté allégeance à Al Qaîda, le Gspc tente de se donner une plus grande dimension et une envergure transnationale, afin de justifier sa connexion avec l'organisation de Ben Laden, de frapper ensuite, même symboliquement, la France, que Zawahiri avait mise en garde du péril venant d'Algérie. Le Gspc doit devenir «l'os dans la gorge des croisés américains et français». Cette formule belliqueuse, lancée par le n°2 de l'organisation Al Qaîda, Aymane al-Zawahiri, constitue, aujourd'hui, la principale source d'inquiétude des services français, qui craignent des attaques-surprises de la part des salafistes algériens.