Le levain de l'élection sénatoriale du 28 décembre commence à prendre. Le Front des forces socialistes (FFS) renoue avec le boycott. Le porte-parole du parti, Karim Tabou, vient de l'annoncer. Ainsi, le parti de Hocine Aït Ahmed qui était à 4 sièges au départ (janvier 1998) est descendu à deux, puis à un, puis à zéro (janvier 2007). Pourtant, le FLN lui avait proposé une alliance, suite aux dernières élections partielles de Kabylie. D'un geste brutal, il rejeta l'offre. Aujourd'hui, le plus ancien parti de l'opposition décide de sortir carrément du Sénat pour être conséquent avec sa stratégie de base, version Tabou. Il vient ainsi conforter la candidate du FLN à Tizi Ouzou dans sa tentative de rafler la mise. Le RND part sans grand enthousiasme, même si son secrétaire général déploie beaucoup d'énergie pour convaincre. Il sait que la récolte ne sera pas bonne cette saison-ci. Il compte toutefois profiter des erreurs du FLN pour comptabiliser, à son profit, certains sièges. Comment? Le RND sait que la guéguerre en cours dans les entrailles du vieux parti offre des possibilités de récupération de voix. Ce qui s'est produit à Chlef, lors des primaires, en est l'illustration parfaite. L'absentéisme et le vote à bulletin nul ont démontré la démobilisation d'une partie importante des élus du FLN pour les sénatoriales. Certains ont simplement répondu à l'appel du pied d'un élu du RND qui ne dispose pas de la majorité. Le candidat du RND est entraîné dans un jeu trouble, finement tissé, au milieu d'un semblant de désordre. Dans les cas de figure, le dénouement aura lieu le 28 au soir. A Oran, le candidat potentiel du RND est au centre d'une affaire juridique; le maire de Bethioua dont la candidature a été retenue par la direction du parti, a une affaire de justice sur les bras. Il devra se désister au profit d'un autre candidat sans casier judiciaire. A Alger, le bras de fer entre les deux partis rivaux se poursuit. Il faudra compter sur les alliances possibles avec les autres formations. A Skikda et Annaba, El Islah, qui dispose déjà d'un siège au Conseil de la nation, part favori dans la compétition pour décrocher au moins un siège. Mais le parti de Djaballah tombe dans un engrenage similaire à celui où se situe le FLN à Chlef. Il devra convaincre ses militants, des deux bords, sur la nécessité de dépasser leur animosité au profit du candidat unique qu'ils auront choisi. L'autre parti islamiste, le MSP, n'a pas le vent en poupe. Il comptait sur un geste de Bouteflika pour garder le rythme; une dizaine de sièges aurait suffi. Mais la sortie médiatique de son président est venue au mauvais moment. Il devra négocier avec le FLN ou le RND, ou avec les deux à la fois, pour engranger quelques voix supplémentaires. La tâche s'annonce difficile. Le RCD, par contre, qui a obtenu un siège après les dernières partielles, est supposé le garder pour les trois prochaines années. L'autre énigme réside dans la moitié du tiers désigné. Le président Bouteflika devra choisir entre renouvellement des mandats ou le choix d'autres noms pour les remplacer. Là aussi, les voies du seigneur sont impénétrables, y compris pour le président du Sénat, Abdelkader Bensalah dont on devine l'anxiété. Mais Bensalah a déjà battu en longévité parlementaire feu Rabah Bitat. Il peut prendre une retraite dorée qui ne lui avait jamais traversé l'esprit quand il était directeur à Echaâb.