Le directeur du IDRH a présenté un constat critique sur le processus de formation appliqué. L'Algérie accuse un grand retard en matière de formation des managers. Malgré l'ouverture de l'économie de marché, cette démarche n'a pas été accompagnée par une politique de formation en management et en gestion, deux créneaux considérés comme un levier pour le développement économique. Tel est le constat critique présenté par le directeur de l'Institut de développement des ressources humaines (Irgh), M.Mohammed Bahloul, lors de son intervention à la troisième conférence-formation du secteur de l'énergie, consacrée sur «les formations dans les domaines de management et de la gestion», tenue, hier, à l'hôtel Hilton d'Alger. «Malgré la libéralisation de l'économie, nous n' avons pas instauré un système national de formation en management», déplore-t-il. Il ajoutera qu'actuellement l'évaluation des besoins de formation en management dans notre pays est une préoccupation constante de son institut. «L'expression des besoins n'est pas toujours traduite en demande structurée et solvable pour plusieurs raisons liées au modèle institutionnel et organisationnel dominant», constate le conférencier. Cela est due, indique-t-il, entre autres, à la persistance du modèle bureaucratique de gestion pour les EPE et familial de type patriarcal pour les entreprises privées. La fonction GRH s'est peu développée malgré une prise de conscience réelle ces dernières années. «La formation en management a été tardivement considérée comme un investissement majeur de l'entreprise. Son statut et son rôle demeurent mineurs pour une majorité d'entreprises», reconnaît-il. Preuve en est, que les taux d'encadrement sont encore plus significatifs de l'état de dotation des organisations en compétence: 5% dans l'industrie, 2% dans l'administration en général, 6,8% dans les collectivités locales. La consommation des budgets de la formation continue, souligne-t-il, doit obéir plutôt à la logique des dépenses qu'à la logique des résultats de formation-stratégie et de valorisation des RH et performances économiques. Le directeur de l'Idrh n'a pas omis de remettre en cause le système universitaire qui reste, selon lui, très pauvre en matière de formation en management. Le manque de compétence reconnu a été, en effet, soulevé par les opérateurs étrangers installés en Algérie. A titre d'exemple, le groupe bancaire français, qui envisage d´ouvrir une trentaine d'agences bancaires à travers le pays d´ici à 2008, est confronté à la même situation. «Les compétences sont rares et difficiles à trouver à cause de la dégradation de la qualité de l'enseignement dans les universités et l'anarchie qui règne sur le marché de l'emploi», a estimé un responsable du groupe. Il faut reconnaître que la fuite des cerveaux est à l'origine de ce déficit énorme. Des études récentes ont révélé que le nombre de chercheurs algériens ayant émigré au cours des dix dernières années a atteint 40.000, précisant également que 3000 experts en informatique ont quitté le pays entre 1992 et 1996. Les conséquences de cette hémorragie sont énormes sur l'économie nationale et représentent une perte sèche de 40 milliards de dollars. Pour rappel, le coût moyen pour former un diplômé serait d'environ 100.000 dollars. Avant de conclure, le directeur a plaidé à la mise en place, en urgence, d'un système national de formation de la réforme économique et du savoir-faire de l'entreprise.