Il est question de biens immobiliers et d'argent se chiffrant en milliards. La guerre est ouverte entre les chefs du groupe salafiste pour la prédication et le combat. La gestion des énormes sommes issues du racket et du braquage de banques, d'agences postales et de convois de fonds, est la pomme de discorde. Pris entre la tentation de reddition et la fuite vers l'étranger, les émirs du Gspc se livrent l'ultime bataille. Celle d'amasser le maximum de richesses. Une attitude qui renseigne sur la pression que leur font subir les forces de sécurité. En effet, selon des informations provenant des services de sécurité chargés de la lutte antiterroriste, la question de la «ghanima» (butin de guerre) est en train de pourrir la situation au sein des groupes armés actifs. Les forces de sécurité, ayant engagé une lutte sans merci contre le phénomène du blanchiment d'argent issu du terrorisme, ont mis l'émir Droukdel dans une mauvaise posture. Désormais, après avoir révoqué son ex-homme fort de la zone II, Abdelhamid Saâdaoui, alias Abou el Haïthem, Droukdel n'a même plus confiance en ses collaborateurs les plus proches. Conscients de l'importance cruciale de la question de la «ghanima», les chefs du Gspc font tout pour éviter que cela ne soit un motif pour provoquer l'implosion du groupe salafiste. L'émir Droukdel a pris récemment la décision de révoquer un de ses bras droits les plus influents à cause, dit-on, de cette «ghanima» mal gérée par ce chef, ajoute-t-on de source bien informée. Ce terroriste, du nom de guerre Abou el Haïthem, est accusé, selon d'autres sources, d'avoir transféré des biens au profit de ses proches et «encouragé» indirectement les services de sécurité à découvrir le reste. Ce n'est que de cette façon qu'il comptait se couvrir face à Droukdel. Par ailleurs, le malaise qui ronge le Gspc a été confirmé par le quotidien arabophone Asharq Al Awsat. Citant des sources sécuritaires algériennes, le journal parle d'une somme équivalente à 500.000 dollars qui aurait été saisie, il y a quelques jours, par les services de sécurité dans la région centre du pays. Ce qui serait à l'origine de la guerre des «chefs» au sein du Gspc. Les richesses que Saâdaoui aurait mis à la disposition de ses proches, seraient constituées de bijoux, d'assiettes foncières, de biens immobiliers et de «taxes» qu'auraient imposées les éléments du Gspc aux citoyens. Selon Asharq Al Awsat les signes extérieurs de richesse constatés chez des membres de la famille Saâdaoui, seraient l'indice qui aurait suscité des suspicions chez l'émir du Gspc Abdelmalek Droukdel. A noter que dans un passé proche, la guerre des chefs avait fait ravage dans les rangs de l'organisation criminelle du Gspc. D'abord, entre Hattab et Abderrezak el Para, qui avait refusé, après avoir occupé les maquis des Aurès, le partage de la «ghanima». Une situation qui avait conduit à des guerres internes entre les deux chefs terroristes, puis entre Mokhtar Benmokhtar qui s'est carrément insurgé contre Abderrezak el Para, afin de poursuivre sa mainmise sur le trafic de cigarettes qui lui rapporte toujours des milliards. Ce qui s'est passé récemment dans la zone2 du Gspc constitue la bombe à retardement qui risque de souffler les assises de l'organisation sanguinaire. La question de la «ghanima» est stratégique pour une organisation qui s'est vendue à Al Qaîda. L'émir Droukdel est assez averti et c'est justement pour éviter une bataille rangée à l'intérieur de son groupe qu'il s'est contenté de révoquer Abou El Haïthem. «D'autres petits émirs risquent, ont estimé nos sources, de suivre l'exemple de l'émir de la zone2. Il est question de biens immobiliers et d'argent allant jusqu'à des milliards». Droukdel a-t-il reproché à Abou el Haïthem son incapacité de faire parvenir des armes dans les zones qu'il dirige? Peu probable. L'interception des quatre terroristes à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa, n'a aucun rapport avec l'éviction d'Abou el Haïthem.