Le communiqué du Gspc revendiquant l'attentat «n'est qu'un document», souligne-t-il. «L'enquête sur l'attentat contre le bus de la compagnie BRC à Bouchaoui est en cours. Aucune piste n'est écartée pour le moment. Seules les investigations que mènent les services concerné peuvent affirmer avec précision les responsables de ce crime», a déclaré, hier, à la presse en marge des assises de l'Architecture, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Nouredine Yazid Zerhouni. Juste après l'attentat, une enquête a été ouverte pour déterminer la nature et l'origine de l' engin explosif utilisé. L'enquête est maintenue, et le dossier est loin d'être clos, malgré le communiqué publié sur Internet deux jours après, par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien (Gspc), revendiquant l'attentat. «Les moujahidine ont mené dimanche une attaque à la bombe contre un bus transportant au moins 20 croisés, qui a fait un nombre indéterminé de tués et de blessés, avant de regagner leurs bases sains et saufs», affirme ce document dont l'authenticité n'a pu être établie avec certitude. Sans aller jusqu'à écarter totalement l'acte terroriste, le ministre d'Etat a laissé entendre que les services de sécurité algériens sont en train d'étudier d'autres indices. Lesquels? «Je ne peux pas me prononcer actuellement sur les autres pistes dégagées afin de ne pas perturber le déroulement de l'enquête, mais il est vrai que nous sommes en train de rassembler les indices et les informations qui nous conduiront assurément aux responsables de cet attentat», a-t-il noté. Apostrophé sur le communiqué du Gspc, le ministre de l'Intérieur répond: «Et après, ce n'est qu'un document.» Les déclarations de Zerhouni, qui, de loin est le mieux au fait de la situation sécuritaire dans le pays, sont d'une extrême importance. Elles constituent un virage décisif dans la lutte contre le phénomène du terrorisme. D'ailleurs, le président de la République a mis en garde 24h avant cet attentat et à partir du Palais des nations, contre le banditisme. «Nous n'avons pas vaincu le terrorisme pour retomber dans le piège du banditisme», a-t-il déclaré. Appelant les services de sécurité à redoubler de vigilance pour combattre ce phénomène. Hier encore, le chef de l'Etat a incité les Algériens à faire preuve davantage de vigilance et à s'impliquer dans la bataille contre l'insécurité. Avant lui, un autre ministre d'Etat, M.Boudjerra Soltani, a fait le lien entre le double attentat de Rouiba et Réghaïa en novembre et la mafia de l'argent. Zerhouni n'a pas fait allusion à cette piste, mais tout laisse supposer que celle-ci est prise en considération. A qui profite ce crime? Zerhouni esquive la question. Notons que le 10 décembre, un bus transportant des travailleurs de l'entreprise BRC (Brown Root et Condor), filiale de l'américaine Halliburton et de Sonatrach, a été la cible d'une attentat à l'explosif dans la commune de Staouéli, à l'ouest d'Alger, non loin de Club des Pins. Il s'apprêtait à sortir de l'autoroute reliant Alger et Tipaza au niveau de Bouchaoui, aux environs de 17h40. Des assaillants ont alors mitraillé le véhicule touchant mortellement son chauffeur algérien et un Libanais. Les autres victimes, quatre Anglais, un Américain, un Canadien et un autre Algérien, ont subi des blessures. Suite à cet attentat, l'ambassade des Etats-Unis en Algérie a rendu public sur son site Internet un «warren message» (message d'attention) dans lequel elle invite les Américains à revoir leurs dispositions de sécurité à partir du 11 décembre. «Nous prions les citoyens américains résidant à Alger de revoir leurs dispositions de vigilance». Il a été recommandé aux ressortissants de ce pays de se rapprocher de la section consulaire de l'ambassade américaine pour obtenir «toutes les informations sur la situation sécuritaire en Algérie et les mesures de prévention à prendre». La branche irakienne d'Al Qaîda a salué le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), après l'attentat anti-américain en Algérie, et appelle les musulmans à frapper les intérêts des Occidentaux dans le monde musulman, selon un communiqué mis en ligne mercredi. Cela est-il suffisant pour privilégier la piste du Gspc? En tout cas, M Zerhouni ne veut pas anticiper sur les résultats de l'enquête.