L'Aïd du sacrifice est prévu dans quelques jours, soit le même jour que le réveillon du Nouvel an. Cette fête est particulière car elle demande le sacrifice du mouton pour ceux qui en ont les moyens. D'ores et déjà, aussi bien en ville que dans les villages, les choses semblent s'accélérer. Les paysans se préparent et pensent à amener leurs moutons aux marchés locaux. Les plus réputés de la région étant Boghni, Draâ El Mizan, Souk El Tenine, Ouadhias, Tizi Ouzou ou encore Azazga, Tigzirt et Thala Athmane. Une virée aux marchés de Boghni et de Draâ El Mizan, après une visite à Souk El Tenine, nous renseigne sur les prix affichés pour cette année. A Draâ El Mizan, les moutons sont proposés à divers prix allant de 20.000 à 22.000DA, alors qu'à Souk El Tenine, on peut facilement trouver des moutons engraissés localement, les plus recherchés, proposés entre 17.000 et 20.000DA. A Boghni, il ne faut pas s'attendre à un prix aussi abordable, ce marché étant réputé comme le plus cher de la région, aussi, c'est entre 20.000 et 25.000DA, selon la bête, que les moutons sont proposés. Rencontré à Souk El Tenine, Ammi M'hamed, un vieux paysan, proposant trois moutons bien engraissés à la vente et après s'être lamenté sur le retard des pluies dira: «Vous savez, si je n'avais pas besoin d'argent, jamais je n'accepterai, de me défaire de ces moutons. Ils ont coûté bien des soucis à la famille. Si vous saviez toutes les peines qu'il faut pour engraisser un mouton, vous comprendriez alors pourquoi le prix!». Un autre, venu, lui, acheter un mouton, affirme avoir fait le tour des marchés de Tizi Ouzou, de Boghni, de Draâ El Mizan et n'a pas trouvé de bête dont le prix entre dans ses possibilités: «Il me faudra faire plus que de la gymnastique, c'est-à-dire, choisir entre le mouton et les habits des gosses! C'est une véritable torture et mes moyens ne me permettent pas de faire des folies! Je crois bien que cette année encore on devra se passer de mouton!» Rares, en effet, ceux qui, ce jour-là au marché de Souk El Tenine ont pu accéder à l'objet de leur désir. Les moutons sont, certes, gros et gras mais comme le soulignent les personnes rencontrées sur place, «les prix sont prohibitifs et ce marché est le moins cher comparativement à ceux de Draâ El Mizan ou Boghni». D'autres habitants, ceux-là en ville, disent ne pas pouvoir acheter ces jours-ci car n'ayant pas de place où mettre ces ruminants en attendant le jour du sacrifice. Seul un ancien émigré, rencontré au marché de Boghni, trouvera que «finalement, rapporté au prix en euros, le mouton coûte moins cher!». C'est sûr que pour ceux qui ont des rentes en devises, les prix en dinars peuvent sembler au moins attractifs.