Le gouvernement décide l'élargissement du champ d'intervention de l'IGF aux entreprises publiques économiques. Les dépenses publiques seront, dorénavant, soumises à un contrôle plus rigoureux afin d'éviter la répétition des scandales financiers qui ont secoué récemment le pays. Le gouvernement décide d'engager la préparation des projets de textes législatifs relatifs à l'élaboration des lois de finances et la comptabilité publique. Cette mesure a été prise, lundi, lors du Conseil interministériel, réuni par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Un comité interministériel a été chargé d'identifier rapidement toutes les mesures à prendre à court terme, qui sont de nature à introduire des améliorations dans le contrôle de la dépense publique. Parmi ces mesures figurent l'élargissement du champ d'intervention de l'Inspection générale des finances (IGF) aux entreprises publiques économiques et un renforcement de ses moyens humains et matériels. Il s'agit, également, de mettre en place une structure d'audit et de contrôle interne au sein de chaque entreprise publique et d'adapter la réglementation des marchés publics en vue de soumettre au contrôle toute dépense effectuée sur les fonds publics. Un texte devra clarifier les missions et responsabilités des différents acteurs concernés par la gestion des finances publiques (ordonnateur, contrôleur financier, comptable, trésorier). Toutes ces mesures seront présentées prochainement sous la forme d'un plan d'action comportant un échéancier de leur mise en application. Les scandales financiers, faut-il le souligner, se sont multipliés ces dernières années. Jamais les banques publiques n'ont été autant éclaboussées par des affaires plus scabreuses les unes que les autres. Selon les services de police, la somme subtilisée des banques, durant l'année 2005 seulement, a dépassé les 160 milliards de dinars et celle transférée illicitement vers l'étranger est de 4 millions d'euros, soit 71 milliards de dinars. A eux seuls, les détournements dont sont victimes la Badr, la BNA, la BDL et la BEA ont causé au Trésor public un préjudice de plus de 164 milliards de dinars. La BNA vient en première position avec 21 milliards de dinars. La BEA se classe au deuxième rang avec l'affaire Bcia, qui a éclaté en 2003 et qui a causé un préjudice de 13 milliards de dinars. Des chiffres qui révèlent l'ampleur des malversations dans lesquelles sont impliqués des cadres des banques publiques. Coupables de complicité, ils ont souvent octroyé des crédits sans aucune garantie. Les investigations révéleront, plus tard, que c'est en contrepartie de pots-de-vin que ces opérations ont été rendues possibles. Grâce à des complicités internes, des agents ont trompé la vigilance d'un système de contrôle qui s'est avéré obsolète. Des spécialistes affirment, en effet, que pour détecter un trou financier, il faut au moins six mois. Un laps de temps suffisant pour permettre aux contrevenants de prendre la fuite.