Selon le professeur Chaouche, la greffe rénale semble atteindre sa vitesse de croisière. L'espoir est au bout du chemin, semblent vouloir dire les blouses blanches qui ont en charge la transplantation rénale, à l'instar du professeur Chaouche, pionnier de la greffe rénale en Algérie. Néanmoins, le constat de nombre d'entre eux, est que la greffe rénale demeure prisonnière des réflexes d'un centralisme ankylosant, en dépit d'une volonté politique bien réelle de la développer. Ainsi, les invités du magazine 12h-13h de radio Alger Chaîne III, les professeurs Hocine Chaouche et Rayane, ont abondamment disserté sur cette question d'actualité et qui concerne quelque dix mille dialysés et pas moins de trois mille nouveaux insuffisants rénaux/an. Autant de malades qui endurent, pour les plus chanceux d'entre eux, trois séances de dialyse par semaine. La demande étant encore supérieure à l'offre car loin d'être satisfaite. Néanmoins, les intervenants ont révélé que les signes avant-coureurs plaidant en faveur d'une relance de l'art de la greffe rénale en Algérie sont bien là et attestent de l'efficacité et de l'expertise algérienne en la matière. «Nous avons atteint la vitesse de croisière» a déclaré, à ce propos, le professeur Chaouche, qui a regretté néanmoins l'absence d'une logistique à même d'accompagner l'élan salvateur qui se fait jour. Pourtant, a signalé le professeur Benabadji, la greffe rénale demeure une arme thérapeutique infaillible, notamment sur le plan économique puisque coûtant dix fois moins cher que la traditionnelle dialyse. «L'idéal étant la greffe à partir de cadavres» a-t-il ajouté. De son côté, le professeur Acimi n'a pas manqué de dire son dépit face au retard qu'accuse notre pays par rapport aux autres nations arabes telle l'Arabie Saoudite où, entre 1986 et 2005 pas moins de 4750 malades ont été soulagés grâce à la greffe. Idem pour le Liban où le nombre d'opérations (110 greffes) est onze fois supérieur à celui pratiqué en Algérie. Un retard particulièrement accusé sur le chapitre du donneur cadavérique, a-t-on tenté de faire savoir en avançant un taux insignifiant à son actif. Au plan religieux, le professeur Chibane et non moins ex-ministre des Affaires religieuses, a clairement fait savoir «fetwas et textes autorisent le prélèvement sur cadavre depuis au moins dix ans déjà». Ajoutant que le manque de donneurs de ce type est un sérieux écueil au développement de la pratique de la greffe rénale. Tous ont cependant expliqué que bien que tout un arsenal juridique autorise en Algérie la greffe à partir de cadavres, les structures algériennes de santé ont du mal à entamer véritablement l'aventure de la greffe à partir de cadavres. Appelant au passage à un sérieux effort en vue de développer les urgences centrales, seules à même de garantir le succès dans ce domaine. Notons que les orateurs ont indiqué la nécessité, pour le législateur algérien, d'élargir le cercle des donneurs apparentés afin qu'il inclue -suite à la dernière législation de 1990- le conjoint et les cousins germains, comme c'est le cas dans certains pays. L'on rappelle que trois cent greffes se font présentement à l'étranger à raison de 95 millions de dinars l'intervention. Comme l'on appelle à atteindre l'objectif honorable de 200 greffes par an, le professeur Chaouche a, en outre, insisté sur la formation des équipes médicales et l'amélioration des conditions d'accueil dans les services. Ce qui permettrait, selon lui, de doubler le nombre d'interventions jusque-là réalisées à l'échelle du territoire. Signalons qu'à la veille de ce week-end, ont été réalisées avec succès, et pour la première fois à Annaba, deux transplantations rénales à partir de donneurs vivants apparentés. Ces interventions, relève un communiqué du service du professeur Chaouche, s'inscrivent dans le cadre du développement de la greffe rénale, conformément aux directives ministérielles et se sont déroulées à la demande des professeurs Attik et Kadi du CHU Ibn Rochd d'Annaba. Les actes chirurgicaux sur les donneurs et les receveurs qui ont eu lieu au service d'urologie du Pr Kadi avec son concours, ont été réalisés par l'équipe du Pr H.Chaouche du CHU Mustapha composée du Dr Khemri, néphrologue et chef d'unité, le Dr Bechikhi, médecin réanimateur, des Drs Medjdoub et Nekhla, chirurgiens. Le suivi néphrologique ayant été assuré par le Pr Attik et le Dr Khemri.