Bouteflika a fait le constat que la machine administrative est grippée. Il est plus facile de rencontrer Bush ou Poutine qu'un wali de la République algérienne, disait le chef de l'Etat à la rencontre gouvernement-walis. Pour un président qui s'est fixé le but de réformer les structures de l'Etat, c'est presque un aveu d'impuissance devant l'inertie de l'administration algérienne, tous secteurs confondus. La convocation des cadres de la nation s'inscrit un peu dans cette lancée: secouer le cocotier pour rendre plus efficaces les institutions de la République. Au vu des chantiers qui sont lancés pour l'horizon 2009: construction d'un million de logements, réalisation de l'autoroute Est-Ouest, création d'un million d'emplois, sans compter tous les projets inscrits dans le plan de relance économique et qui visent à booster la croissance, on peut dire qu'il y a urgence. Le président, M.Bouteflika lui-même a exprimé son scepticisme devant les slogans proférés sans suite au niveau de la concrétisation, comme cette idée de mégapoles qui restent lettre morte. Ainsi, le projet de réalisation de la technopôle de Sidi Abdellah, dans la banlieue d'Alger, est une sorte d'Arlésienne. On en parle, mais on ne la voit pas sortir de terre, juste une plaque qui annonce aux automobilistes, de passage, une vague cité futuriste dénommée cyberpark. Sur le plan politique, l'année 2007 sera d'abord celle des élections législatives et locales, d'où la compétition qui est ouverte entre les différents partis, notamment de l'Alliance présidentielle, qui sont entrés en campagne avant l'heure. Quant au sujet qui a défrayé la chronique tout au long du printemps et de l'été 2006, à savoir le projet de révision constitutionnelle, on n'en sait rien dans l'immédiat. Le chef de l'Etat abordera-t-il enfin le sujet, ou bien préfère-t-il, comme il aime à le faire, garder la date du référendum dans sa botte secrète? Pour l'instant, les observateurs de la scène politique ont plutôt l'impression qu'existe un bicéphalisme au niveau de l'Exécutif. Certes, le gouvernement se réunit et les ministres font des visites de terrain, des projets sont annoncés, mais la décision finale appartient toujours au président de la République, qui, très souvent, prend ses interlocuteurs par surprise, en démentant ce qui a été annoncé, ou bien en le passant à la trappe. Le projet de révision de la Constitution fait partie de ces projets maintes fois annoncés mais qui restent en suspens. Tous ces hiatus qui sont constatés au sommet de l'Etat font que parfois on a l'impression que la machine est grippée. Si l'effet de surprise affectionné par le président est bon dans certaines circonstances, il n'en demeure pas moins que ce que l'on a pris comme habitude d'appeler la bonne gouvernance ne saurait se passer de cet autre principe cardinal de la démocratie, à savoir la transparence. Le déficit en communication, voire le cafouillage parfois constaté, crée une cacophonie qui nuit à la bonne marche de la machine administrative, au point de mettre à mal la concrétisation des projets, mais aussi de brouiller la visibilité de l'action de l'Exécutif. Tout le monde sait que l'un des chevaux de bataille du chef de l'Etat, depuis son arrivée à El Mouradia, est bien celui de la recherche de la concorde, de la réconciliation et de la paix sociale. Après l'adoption de la charte en 2005, on a vu les partenaires sociaux élaborer et adopter un autre texte, non moins important: celui du pacte économique et social, lui-même adossé à une entente sur la revalorisation des salaires. Mais on peut remarquer aujourd'hui, que de nombreux secteurs restent marginilisés par l'augmentation des salaires, notamment dans le secteur privé, dont les travailleurs participent activement pourtant à la croissance et à l'augmentation du PIB.