Le chef de l'Etat a insisté pour que les organigrammes des administrations centrales ne soient modifiés qu'en cas de nécessité absolue. Une course contre la montre est engagée par le Président de la République avant l'arrivée de l'échéance électorale de 2004. Le chef de l'Etat a présidé, hier, un second Conseil des ministres en l'espace de 48 heures et à moins de huit jours depuis l'installation du nouveau gouvernement. Durant la même journée, l'Exécutif a déposé son projet de programme a l'Assemblée populaire nationale à l'issue de son adoption par le Conseil des ministres. Se félicitant de la célérité qui a présidé à l'élaboration et à la présentation du programme de l'équipe Ouyahia, Bouteflika a laissé entendre que c'est Benflis, l'ex-Chef du gouvernement, qui a été la cause des lenteurs constatées dans l'application des réformes. A ce sujet, il a déclaré que si des contraintes objectives peuvent, parfois, retarder la mise en oeuvre de telle ou telle mesure, il faut, en revanche, lutter contre l'indétermination des uns, l'expectative et les hésitations des autres. Aussi sa décision de remercier Benflis intervient-elle à la suite de ce constat d'échec. Pour le Président, l'indétermination et l'expectative sont souvent des facteurs d'entrave au déroulement normal du processus des réformes engagées. Il reste que la célérité avec laquelle le nouveau gouvernement s'apprête à mener les réformes porte en elle beaucoup de risques, comme tout action qui se fait dans l'urgence. L'urgence des réformes économiques et sociales existe effectivement, mais elle date déjà de plus d'une décennie. Tout se passe comme si la machine gouvernementale démarrait sous l'effet de son énergie accumulée durant une inertie de quatre mois. Pourtant, la composante du gouvernement Ouyahia est, à quelques ministres près, la même que celle de son prédécesseur, Ali Benflis. Par ailleurs, la rencontre d'hier a été également consacrée à l'examen du projet de programme du gouvernement. Un programme qui, selon le communiqué du Conseil des ministres, s'inscrit dans le sillage du programme du Président de la République. Il reprend l'ensemble des éléments du programme en cours qui a été adopté par le Parlement en juillet 2002, indique la même source. Il vise essentiellement, à garantir la poursuite des actions déjà engagées au titre des grands chantiers de réformes: la réalisation du programme de réformes de la justice, du système éducatif et des structures et des missions de l'Etat pour consolider l'Etat de droit, améliorer le fonctionnement de l'administration et du service public et moderniser le système éducatif engagées par le Président de la République. Au titre des réformes économiques et sociales, le programme exprime la volonté du gouvernement à impulser un développement économique substantiel dans un contexte de marche et en tenant compte des mutations induites par l'environnement international. Le programme met l'accent sur la nécessité de promouvoir la concertation et le dialogue pour parvenir à la réalisation d'un pacte national. Un point qui semble acquis pour la nouvelle équipe gouvernementale à voir les échanges de messages entre Ouyahia et le patron de la Centrale syndicale, Sidi Saïd. Par ailleurs, le chef de l'Etat a insisté pour que les organigrammes des administrations centrales ne soient modifiés qu'en cas de nécessité absolue, et il a également appelé à la préservation et à la stabilité des cadres. S'agissant de la réforme de la justice, Bouteflika a réitéré qu'elle constitue la clé de voûte de toutes les autres réformes. Il a insisté pour que, dans le fonctionnement des juridictions, prévale, en toute circonstance, l'impératif de la dignité du citoyen, qu'il soit auteur ou victime d'infraction, demandeur ou défendeur au procès et de respecter le droit à la défense, sans entrave ou obstacle.