L'Algérie est un pays riche. Les réserves de change ont atteint les 75 milliards de dollars. Les prévisions de ressources budgétaires de 2007 s'élèvent globalement à 1802 milliards de DA. La hausse des prix du pétrole sur le marché international, la croissance économique mondiale ont permis à l'Algérie d'engranger des ressources en devises importantes. Ce qui a engendré plusieurs interrogations quant à l'utilisation de cet argent. Mettant à profit la tribune du Palais des nations, le chef de l'Etat a voulu calmer le jeu et tempérer l'ardeur démesurée de certains. «Certains commentateurs se sont fourvoyés dans des analyses faussement expertes et des affirmations douteuses, voire malveillantes sur une prétendue imprévoyance des pouvoirs publics à l'égard de l'utilisation du surcroît de nos ressources pétrolières ainsi que sur leur mauvaise gestion», a déclaré hier Abdelaziz Bouteflika. Et de répondre: «De telles assertions sont totalement infondées». A la question de savoir «où va le surcroît des ressources financières générées par l'exportation des hydrocarbures», le président de la République, dans un long plaidoyer, a tenu à lever le voile. «En premier lieu, ce surcroît a servi à lever les hypothèques très contraignantes qui pesaient sur la nation et qui risquaient de compromettre la cohésion sociale et d'obérer l'avenir des nouvelles générations», a-t-il indiqué. En effet, la dette algérienne est passée de 33 milliards de dollars US en 1998 à 4,7 milliards à fin 2006. Elle ne représente plus que 4,3% du PIB et 8,6% des exportations contre 34,3% du PIB et 89,7% des exportations en 2003. Continuant sur sa lancée, le chef de l'Etat a rappelé la création d'un fonds national de réserves destiné à garantir la couverture des retraites pour les générations futures et qui «sera alimenté à partir du surcroît des ressources d'hydrocarbures». Ce fonds a pour mission de gérer les ressources financières afin de constituer des réserves destinées à contribuer à la viabilité et à la pérennité du système national de retraite. En outre, le chef de l'Etat a rappelé la mesure prise en juin 2000 qui consiste en la création d'un Fonds spécial de régulation des recettes (FRR) pour «faire face aux éventuels retournements du marché pétrolier qu'au remboursement de la dette interne». Le FRR, qui abrite les plus-values du produit de la fiscalité pétrolière, plus-values générées par le différentiel entre la fiscalité pétrolière budgétisée sur un prix de référence de 19 dollars/baril de pétrole brut et la fiscalité pétrolière effectivement recouvrée, intervient comme source de financement des déficits du Trésor. Les disponibilités du FRR, à fin novembre 2006, représentent une «capacité de financement deux fois supérieure aux besoins de financement du déficit du Trésor en 2006 et 94% des déficits cumulés prévisionnels pour les exercices 2006 et 2007», a tenu à préciser le chef de l'Etat. Par ailleurs, et toujours dans le but de lever les hypothèques pesant sur le pays, Abdelaziz Bouteflika souligne «le surcroît des recettes a permis de reconstituer les réserves de change, gage de stabilité de notre monnaie et garantie de maintien de nos échanges commerciaux à un niveau suffisamment élevé pour soutenir notre effort de développement». En effet, les réserves de change ont atteint 75 milliards de dollars en 2006, soit l'équivalent de 25 mois d'importation. Enfin, ce surcroît de recettes a permis de lancer un ensemble de politiques publiques porteuses de progrès économique, social et culturel. Ces politiques consistent en le rattrapage des chantiers en souffrance depuis la fin des années 1980, la reconstruction des infrastructures détruites par le terrorisme, le financement du programme de soutien à la relance économique ainsi que le programme complémentaire de soutien à la relance économique qui totalisent 144 milliards de dollars sur la période quinquennale 2005/2009 et la nouvelle politique régionale où il reste beaucoup à faire. Par ces explications, le chef de l'Etat a répondu à la question de savoir «ce que fait l'Algérie de son argent, pour rattraper les grands retards légués par le colonialisme, particulièrement pour répondre à une demande sociale croissante générée par le triplement de la population depuis l'indépendance, dans les domaines de l'éducation, de la formation, de la santé, du logement, et des équipements collectifs», conclut le président de la République.