En dépit des cours du pétrole qui ont battu des records, les concepteurs de ce texte fondent leurs hypothèses sur un prix fixé à 19 dollars le baril. Les hypothèses projetées pour les prochaines années dans le cadre de la loi de finances 2005 se fondent sur une stabilité des prix du baril de pétrole brut à hauteur de 19 dollars US et un taux de change fixé à 76 DA le dollar US. L'Etat semble vouloir maintenir la prudence qui le caractérise ces dernières années dans la confection des textes fixant le budget. Etant donné que les principales ressources du pays proviennent à 98% des recettes des hydrocarbures, la loi de finances doit ainsi, prendre en considération l'évolution des cours du pétrole à l'échelle mondiale. Les décideurs s'arrangent de ce fait à ce que l'Algérie tire des excédents en cas de hausse de prix de l'or noir en comparaison aux prévisions budgétaires. Résultats des courses : fondées sur un prix de 19 dollars US le baril depuis plus de quatre années, les lois de finances ont permis la réalisation d'excédents appelés donc réserves de changes estimées actuellement à 35 milliards de dollars. Une autre partie de ces profits est versée au Fonds de régulation des recettes. Le même cadrage est également maintenu pour le taux de croissance et autres activités économiques. L'évolution des échanges extérieurs de marchandises est arrêtée, pour l'avant-projet de LF 2005 à un rythme de 5% alors que l'activité économique doit vivre une progression en moyenne annuelle de 5,3%. Une telle conception de la politique budgétaire semble arranger les décideurs. Cela passe également par une réduction progressive des déficits. Celui enregistré en 2004 a atteint 392 milliards de DA, soit 7,5% du PIB (Produit intérieur brut). Il (le déficit) sera financé certainement par le Fonds de régulation des recettes dont le solde était de l'ordre de plus de 102 milliards de DA en 2002. Les emprunts de l'Etat sur le marché intérieur et les financements extérieurs dont le montant se situait entre 600 et 700 millions de dollars US contribueront aussi à faire face à ce déficit. Le chantier sur lequel s'engage l'Etat, à travers le cadrage de la LF 2005, est de réussir un tant soit peu à rectifier l'écart entre ses recettes et les dépenses publiques évaluées à 40% du PIB en 2004. Cette situation représente un véritable danger pour l'équilibre financier du pays. Le volume des dépenses publiques a extrêmement augmenté de 1 831 milliards de DA en 2003 à 1 920 milliards de DA en 2004 à cause de la hausse de la masse salariale. Rétablir cet équilibre se veut donc, un véritable challenge sur lequel s'engagent les décideurs dans leur politique budgétaire. Avec la LF 2005, l'Etat compte, en outre, préserver les équilibres macroéconomiques et financiers, consolider la croissance économique et satisfaire les besoins sociaux de plus en plus pressants. Pour cela, d'autres chantiers doivent être achevés. La nécessaire amélioration des dépenses publiques Le premier atelier qui vient à l'esprit demeure indubitablement le vaste champ de réformes entamé dans plusieurs secteurs d'activités. L'on évoque la modernisation du secteur bancaire, celle des télécommunications, de l'administration, et l'amélioration de la productivité du secteur public économique… Autant de domaines dont le processus de réformes n'a toujours pas abouti. La stabilité politique constitue, certes, le premier moyen pour la concrétisation des réformes économiques. Maintenant que la phase de normalisation du système politique du pays est entamée, tous ces projets connaîtront-ils enfin leur étape de réalisation ? Sur un autre registre, il est attendu à travers ce texte de loi, de concrétiser la lutte contre la fraude fiscale. À ce propos, le ministre des Finances, M. Benachenhou, a sollicité récemment l'intervention de tous les secteurs. Il appelle à une intersectorialité dans cette lutte. Le constat établi fait ressortir une faiblesse de la fiscalité ordinaire ne reflétant guère un taux de croissance de 5,5% en 2004. La relance de l'investissement et la gestion active de la dette publique sont deux autres objectifs tracés dans le cadre de la LF 2005. Dans son intervention au cours du Conseil des ministres du mercredi dernier, le président de la République a mis l'accent sur la nécessité de faire face aux défis de l'ouverture économique de sorte à mettre le pays à l'abri des éventuels revirements de la conjoncture. Le chef de l'Etat a attiré l'attention des responsables à tous les niveaux sur le fait que les ressources considérables dont dispose le pays ne doivent aucunement les dévier des efforts à fournir pour une meilleure maîtrise de la dépense publique et le maintien des équilibres macroéconomiques. L'amélioration des dépenses publiques est, par ailleurs, fortement souhaitée dans le texte en question. Car, si l'on tient compte des dires du ministre des Finances, améliorer de 5% les dépenses publiques est synonyme de doublement du budget du secteur de l'Enseignement supérieur, pour ne citer que cet exemple. Le Plan de soutien à la relance économique (PSRE) a été, également, l'un des points les plus importants consacrés dans ce texte. L'enveloppe réservée à ce programme pour les cinq années à venir s'élève à près de 50 milliards de dollars US soit 4 000 milliards de DA dont 2 000 milliards de DA pour les nouveaux projets de développement. Concernant ce point précis, il est primordial de faire le point sur les différents projets déjà lancés, rendre public l'état d'avancement des travaux, tirer un bilan et informer l'opinion publique nationale sur la destination de l'enveloppe des 7 milliards de dollars US mobilisée lors du premier PSRE. De nombreux observateurs affirment que ce montant a été utilisé pour des projets de moindre envergure tels que la réalisation de quelques routes départementales, la réfection de petites structures, actions usurpées pendant la campagne électorale pour la présidentielle. Cet argent n'a, estiment-ils, pas été consacré pour le lancement de grands chantiers comme prévu initialement. Sur un autre registre, le Conseil des ministres a examiné et approuvé l'avant-projet de loi relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Il s'agit, à ce propos, de la mise à niveau de la législation algérienne aux standards internationaux. B. K.