L'exécution de Saddam Hussein a suscité des réactions contrastées dans le monde entier. Mais l'indignation face à un tel acte barbare se dégage de la majorité des attitudes officielles rendues publiques. Un grand malaise a pris forme dans le continent européen. Une certaine responsabilité morale du monde occidental, défenseur des droits de l'Homme est engagée dans cette liquidation d'un chef d'Etat fait prisonnier de guerre par une armée d'occupation. La position officielle de l'Union européenne s'est basée sur le principe de l'opposition de la Charte fondatrice des droits fondamentaux de cette entité politique qui stipule dans son article2 que «Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté». L'UE a condamné les crimes commis par Saddam et aussi la peine de mort, a déclaré le porte-parole du Haut représentant de l'UE pour la politique extérieure, Javier Solana. Ce qui montre bien la position très embarrassante dans laquelle s'est confondue la communauté européenne suite à la disparition de l'homme fort de l'Irak. La Grande-Bretagne, principale alliée des Etats-Unis dans la guerre en Irak, cache mal sa satisfaction de voir l'ennemi numéro un de la coalition, responsable de l'invasion de l'Irak, se faire tordre le coup comme au bon vieux temps des cow-boys. La ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett, tout en rappelant que Londres ne soutenait pas le recours à la peine de mort en Irak, ni nulle part ailleurs, a laissé entendre que Saddam a payé. Plus critique encore, George Galloway, expulsé du Parti travailliste en 2003 à cause de ses critiques sur la guerre en Irak et qui affichait ses liens avec Saddam, note que le président irakien a enfin réussi à obtenir ce qui lui avait manqué pendant son existence: «Le statut de martyr et de héros arabe». Faisant le parallèle avec la diffusion des images d'Ernesto Che Guevara, exécuté en 1967 en Bolivie avec l'aide des Etats-Unis et devenu depuis une icône des révolutionnaires sud-américains, il voit dans ce procès «la plus grande erreur politique» commise par les Américains et leurs alliés. La France «prend acte de l'exécution de Saddam Hussein», a déclaré son ministre des Affaires étrangères et appelle les Irakiens à «regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à l'unité nationale» alors que la Russie estime que l'exécution de Saddam Hussein risque d'aggraver la situation en Irak et regrette que les appels internationaux à la clémence ont été ignorés. Ce qui est sûr, c'est que la disparition de Saddam ne résout pas pour autant la problématique de sa présence sur le sol d'Irak et la sécurité de ses 140.000 soldats. G.W.Bush ne sait plus quoi faire maintenant que l'icône des justifications de son plan d'invasion s'est effacée de la scène irakienne. Avec 108 soldats tués, le mois de décembre est le mois le plus meurtrier pour l'armée américaine depuis novembre 2004, lorsque 137 soldats américains étaient morts en Irak, notamment pendant l'assaut contre la ville rebelle de Falloujah. 2 991 militaires américains ou personnels assimilés sont morts en Irak depuis l'invasion du pays en mars 2003. Le message envoyé par les Américains au monde arabo-musulman en cette journée sacrée de fête religieuse, sera certainement décodé.