La pendaison, peu orthodoxe, de l'ancien président irakien continue de soulever critiques et indignation. Le mystère qui entoure le vidéaste ‘'amateur'', qui a pris les images écoeurantes de la pendaison de l'ex-président irakien, reste entier alors que la polémique continuait hier à soulever des vagues en Irak et à l'étranger. Il est fort probable que cette situation n'est pas étrangère au report de l'exécution de Barzan Al-Tikriti, ancien responsable du renseignement, et Awed Al-Bandar, ex-chef du tribunal révolutionnaire, laquelle était prévue pour jeudi et ajournée à demain (?) selon certaines sources proches du Premier ministère, à quelques jours d'ici, selon d'autres sources qui soutiennent, en revanche, que l'exécution des deux hommes condamnés à la même peine que Saddam Hussein, a été retardée du fait des «pressions internationales». En fait, l'exécution qui se voulait exemplaire a été peu productive pour ceux qui en ont décidé le déroulement, pire elle s'est révélée un désastre, notamment pour le Premier ministre, Nouri Al Maliki, qui tente maintenant de voir comment rattraper le coup alors qu'il se trouve dans une position à tout le moins difficile. Une semaine après l'exécution de l'ex-président Saddam Hussein, les ONG de défense des droits de l'Homme et des hommes politiques continuaient à condamner la forfaiture commise à Baghdad. C'est ainsi que le président égyptien, Hosni Moubarak sortant de son silence, a, dans un entretien publié, hier, par le quotidien israélien Yédiot Aharonot -en marge d'une visite du Premier ministre israélien, Ehud Olmert- indiqué s'être opposé à l'exécution de Saddam Hussein pendant la fête de l'Aïd El Adha l'estimant «honteuse» et regrettant qu'elle présente l'ancien président irakien en «martyr». «Personne n'oubliera les circonstances dans lesquelles Saddam a été exécuté. Ils en ont fait un martyr», a-t-il déclaré au quotidien. «J'ai adressé un message au président (américain) George W.Bush pour lui dire qu'il ne fallait pas faire cela justement au premier jour de l'Aïd, car cela le transformerait en martyr», a-t-il ajouté. «C'était honteux et très douloureux (...) Je n'en croyais pas mes yeux», a encore dit le président égyptien, qui réagissait pour la première fois à cet événement. «Je ne dis pas qu'il fallait ou non le condamner. Il est très probable qu'il aurait aussi été condamné par un tribunal international. Mais pourquoi devait-on le pendre justement quand les gens vont prier pour la fête?», s'est-il interrogé. M.Moubarak semble ainsi exprimer le malaise ressenti, notamment, dans le monde arabe et musulman qui ne comprend pas la texture de cette exécution. Exécution rendue encore plus odieuse par les images pirates et les commentaires accompagnant la macabre pendaison de l'ancien président irakien. Diffusée le lendemain de l'exécution sur Internet, elle en montre les détails et révèle, notamment, que l'ancien président a été insulté et que le nom de son ennemi chiite, le chef radical Moqtada Sadr, dont le père et l'oncle ont été assassinés par le régime de Saddam, a été scandé par des témoins. Aussi, cette affaire est-elle devenue une «affaire d'Etat». Maliki qui s'est s'engagé à «punir le responsable» veut la tête du coupable quel que soit son rang dans la hiérarchie du pouvoir irakien. Or, celui-ci risque d'être très haut placé lorsqu'il est affirmé que seuls «deux hauts» responsables, dont Mouaffak Al-Roubaï, conseiller national à la sécurité, n'ont pas été délestés de leur téléphone portable. Ainsi, selon le procureur général auprès du Haut tribunal pénal irakien, Mounqith Al-Faroun, présent à la pendaison, seuls deux témoins disposaient de téléphone portable parmi la vingtaine de personnes présentes. «Tous deux étaient des hauts responsables du gouvernement», a-t-il souligné dans un entretien à la chaîne satellitaire Al Jazeera, refusant toutefois d'en citer les noms. Face à la vague de colère soulevée par les conditions barbares dans lesquelles la sentence a été appliquée, aux Etats-Unis, autorités politiques et militaires, tentaient de se dédouaner de ce forfait. Ainsi, la Maison-Blanche a indiqué, mercredi, «avoir tenté de convaincre» le gouvernement irakien de «retarder» l'exécution de Saddam Hussein. De son côté, le général William Caldwell, porte-parole du contingent américain en Irak, a assuré que l'armée américaine n'avait pris aucune part à la pendaison de l'ancien dictateur irakien. Mais «si vous me demandez si nous aurions fait les choses différemment, oui nous aurions fait autrement» a-t-il déclaré. Mais, cela peut-il être aussi simple que cela alors que les Américains savaient en réalité que l'exécution de Saddam serait surtout une froide vengeance de la part des chiites alors qu'il était loisible à ces derniers d'attendre la fin du procès d'Anfal -ou Saddam était jugé pour le génocide des Kurdes- pour appliquer la, ou les, peine (s) infligée (s) à l'ancien homme fort de Baghdad. Quant aux Américains, en transférant sans délai, leur prisonnier de guerre, Saddam Hussein, aux autorités irakiennes, sachant ce qu'il pouvait en advenir, ont en fait, donné leur feu vert à l'application immédiate de la sentence. Dans l'affaire de l'exécution macabre du samedi 30 décembre, personne ne sort indemne, ni les actuelles autorités irakiennes ni les Etats-Unis qui occupent militairement l'Irak depuis avril 2003.