Les habitants du centre et de l'est du pays ont été surpris à leur réveil, hier, par un temps pluvieux en cette période de manque d'eau sans précédent. A l'Ouest, c'est toujours la disette quoique quelques pluies aient «léché» cette partie du pays dans la matinée. Est-ce un événement qui tend à l'optimisme? C'est selon... Contacté par L'Expression, M.Bencheikh Méziane, prévisionniste à l'Office national de la météorologie trouve que «même si ce n'est pas l'idéal, ces pluies qui alterneront avec des éclaircies ne sont pas de trop dans notre pays très éprouvé par la sécheresse». Légères précipitations certes mais étalées dans le temps puisque nos météorologues prévoient leur persistance jusqu'à jeudi prochain. Il est même prévu sur le Djurdjura et les Aurès, à 1.200 mètres d'altitude, de la neige à partir de ce soir. On ne peut, d'ores et déjà, quantifier ces chutes de pluie et de neige mais en revanche, il est certain qu'elles sont loin de régler le problème du déficit en eau enregistré dans nos barrages. Pour la bonne raison qu'il est multiforme. Nous vivons dans une région qui est connue depuis des millénaires pour être semi-aride. Face à cette donnée fondamentale, qu'avons-nous fait depuis des décennies? Nous consommons, abusons même sans compter, une eau dont la moitié se perd en cours de route. En amont, tous les barrages que nous avons construits (très peu de retenues collinaires) n'ont pas été protégés de l'érosion qui a fini par les envaser sérieusement, réduisant par là même leurs capacités, de stockage (celui de Béni-Amrane avec une capacité de 12 millions de m3 est «rempli» de 10 millions de m3 de vase). Aujourd'hui il est question dans l'urgence de recourir au dessalement de l'eau de mer. Un palliatif, tout au plus, qui ne durera qu'un temps puisque tout ce qui est mécanique nécessite une maintenance de tous les instants, laquelle fait cruellement défaut dans notre pays. Un tel constat, même aussi rapide, ne peut nous réjouir et nous faire croire que la pluie, aussi généreuse soit-elle, suffira à «réanimer» nos robinets. Seules des mesures durables faites de recherches de financements conséquents pour draguer les ouvrages d'art qui le nécessitent avec un reboisement tous azimuts des flancs, la privatisation avec un cahier des charges pointu de la distribution qui inclura, bien entendu, le comptage et la mise sur pied d'une police de l'eau avec de larges prérogatives pour lutter contre toutes les formes de gaspillage et de piquage clandestin notamment dans l'agriculture et l'industrie. A partir de là commencera à poindre la solution à même de laisser entrevoir une meilleure qualité de vie pour les générations montantes. En attendant, les pluies d'hier, qui se poursuivront jusqu'à jeudi prochain, sont les bienvenues quel que soit leur apport. Vendredi, jour de l'Aïd, le sacrifice du mouton se fera, selon la météo, sous un ciel clair et un soleil radieux. Bonne fête!