Les trois partenaires se sont réunis, hier soir, au siège du RND. Bien qu'officiellement les trois alliés RND, FLN et MSP annoncent la maîtrise des tensions au sein de l'Alliance présidentielle, ceux-ci doivent affronter une nouvelle épreuve. C'est-à-dire, le remodelage gouvernemental annoncé tambour battant par le chef de l'Exécutif qui devrait, à coup sûr, attiser les appétits de tout un chacun. Indubitablement, les trois partenaires continueront à mettre sous perfusion leur alliance, mais sans pour autant enterrer définitivement la hache de guerre. Sauf s'il y aurait un arrangement à l'amiable. C'est, éventuellement, le secret de l'entrevue qui devait réunir, hier soir, les chefs des trois partis. Contacté par nos soins, le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, ne souffla mot sur l'ordre du jour de cette rencontre. Au-delà de cette «modeste réunion», le remaniement ministériel devra enivrer toutes les têtes. Le MSP, soufflé par le boom d'un scandale appelé «détention par le parti de dossiers impliquant des hauts responsables dans des affaires de corruption», un chahut suscité par son président Boudjerra Soltani risque de perdre gros dans cette nouvelle bataille politique. Il est, d'ailleurs, le premier à être intéressé par un compromis avec ses deux partenaires le RND et le FLN. L'avenir de Boudjerra Soltani au sein du gouvernement «sera discuté par le conseil consultatif en toute franchise et objectivité et loin des compassions et des sentiments personnels». Le successeur du défunt, Cheikh Nahnah, est sérieusement menacé par une grogne au sein du parti. Plusieurs cadres du MSP revendiquaient, en effet, le retrait pur et simple du chef du parti de l'Exécutif. L'aparté prévu, hier soir, avec Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, respectivement chefs du RND et du FLN, s'avère être donc inévitable, plutôt utile, pour le président du MSP. Ce dernier devra accepter, tout d'abord, la «correction» de ses frères ennemis. Ceux-ci se contenteront, désormais, d'observer, de loin, le séisme qui frappe la maison de Boudjerra. Quant au Front de libération nationale, ce parti n'ira certainement pas négocier les portefeuilles les plus légers. C'est lui, rappelons-le, qui a mené campagne contre le travail d'Ouyahia, ex-chef de gouvernement, qui a dû, par la suite, «démissionner». Le FLN, en raflant la majorité des sièges au Conseil de la nation, veut peser de tout son poids dans les principaux départements de souveraineté. Mais le parti d'Ouyahia ne va, assurément pas croiser les bras et attendre la bénédiction du ciel. Sa part du gâteau est d'ores et déjà revendiquée, même à demi-voix. Parfois, les compromis sont également privilégiés. Est-ce le cas pour les trois partenaires de l'Alliance présidentielle? Possible. Cette nouvelle séance de tractations qui intervient au lendemain de l'annonce du remodelage gouvernemental devrait mettre à nu les entrailles de chaque partenaire. En outre, les prochaines élections législatives et locales, un rendez-vous prévu pour le premier semestre de l'année en cours, constitue, déjà, l'un des points de divergence entre les trois partenaires FLN, RND et MSP. Ces derniers ont, dès maintenant, différemment appréhendé ce dossier. Une nouvelle menace contre leur «alliance» qui ne semble tenir qu'à un fil et dont l'incompatibilité est étalée en public. Va-t-il y avoir un autre arrangement? C'est une équation difficile. En l'absence d'une culture de communication, toutes les hypothèses sont permises.