Ils craignent la partialité de l'administration. «Des élections libres sont-elles possibles en Algérie?» La question, a fait l'objet, jeudi et vendredi, d'un séminaire organisé, à Alger, par la Laddh, Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, en présence d'un aréopage de personnalités politiques. Benbitour, Saïd Sadi, Abdelhamid Mehri, Abdeslam Ali Rachedi, Mokdad Sifi, ont été, entre autres noms, les figures les plus en vue ayant pris part à cette rencontre, tenue sous le toit de la fondation Friedrich Ebert. Dès lors, maître Ali Yahia Abdenour, le doyen des militants des droits de l'homme en Algérie, a mis le point sur le fait que «le trucage des élections est un héritage de l'administration coloniale». Embrassant toutes les étapes de l'histoire du pays avant et après l'indépendance, à commencer par le Senatus Consulte de 1848 à l'époque de Naegelen, l'avocat a fait un flash-back sur les pratiques frauduleuses qui ont entaché les rendez-vous électoraux. Il a déclaré, dans ce sens: «La fraude électorale, est une vieille tradition coloniale, amplifiée depuis l'indépendance du pays. Bien intégrée dans les moeurs politiques, elle est au rendez-vous de toutes les élections». Le constat du vétéran a été partagé par l'ensemble des présents, y compris ceux qui ont détenu, à un moment donné, les rênes du pouvoir et ceux ayant reconnu, à maintes reprises, leur défaite dans des courses électorales. Les interventions modérées de M.Zehouane ont continué leur cours en cherchant à diagnostiquer le mal. Les scrutins postindépendance, à une exception près, ont été revisités à tour de rôle en faisant ressortir les législatives et municipales de 1997, comme étant les élections, ayant connu «la fraude la plus massive et la plus généralisée». D'autre part et abordant la question des rapports de force entre les différents courants politiques, à savoir nationalistes, islamistes et démocrates, Ali Rachdi, en attente d'agrément pour son parti, a soutenu que «la répartition des quotas se faisait mathématiquement pour maintenir un état des lieux conçu avant la tenue des élections». Aussi, le dissident du FFS, a développé un avis soutenant que «le référendum est une arme populiste anti-démocratique et anti-intellectuelle». Une opinion justifiée par le fait que ce mode de scrutin se passe des partis politiques car il donne directement la parole au peuple. La partialité de l'administration, le rôle de l'armée et de la police politique, la corruption et l'achat des voix des électeurs ont été les procédés et les manifestations de la fraude, évoqués par les différents intervenants lors de ce séminaire. Ceci, avant que le Dr Saïd Sadi, secrétaire général du Rassemblement pour la culture et la démocratie, ne donne, en parlant du «vote utile», une autre direction au débat en mettant l'index sur les comportements du corps électoral. Selon le psychiatre, les trucages successifs des élections ont conduit à «l'aliénation de l'opinion publique qui croit que seuls les candidats issus du régime sont éligibles au pouvoir». Un état de fait, poursuit-il, qui a fini par «infantiliser l'alternative démocratique». Laquelle alternative est dans l'embarras du choix entre le boycott des élections, la «politique de la chaise vide» et la participation qui «donne du crédit à des résultats truqués». La question posée par la Laddh, aura sa réponse au lendemain des échéances municipales et législatives.