Il a tenu à rendre un vibrant hommage à tous les artistes victimes d'une «vision réductrice et vindicative de la religion». «Les intellectuels animant la vie culturelle du pays furent une cible privilégiée de ce terrorisme sans foi ni loi.» indique le chef de l'Etat dans une allocution prononcée, hier, au Palais des nations, à l'occasion de l'ouverture officielle de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007». En présence du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, du président de l'Alesco et de pas moins de huit ministres arabes de la culture, Abdelaziz Bouteflika a tenu à rendre ainsi un vibrant hommage à tous les artistes victimes d'une «vision réductrice et vindicative de la religion» qui n'a pas tardé à être exploitée dans le cadre de stratégies violentes visant à l'accaparement du pouvoir et qui allèrent en Algérie jusqu'à leur plus extrême manifestation durant la «décennie noire». S'imprégnant de citations d'hommes de lettres, comme Mammeri, Kateb, Camus ou de penseurs, tels Frantz Fanon et Mohamed Arkoun, le président de la République a appelé, hier, le monde arabe à s'unir, s'ouvrir vers d'autres cultures et privilégier le dialogue entre religions et civilisations. «Nous avons, dans l'ensemble de nos pays, payé le prix fort pour cette double évolution interne et externe en termes de dégradation des expressions nationales de la culture arabe. Nous nous trouvons maintenant à la croisée des chemins: ou bien nous saurons réagir et réinventer, s'il le faut, le contenu d'une culture arabe retrouvant sa vitalité et qui participe par son humanisme et ses lumières à l'avènement d'une société sûre d'elle-même et à la création d'un monde plus harmonieux, ou bien, nous serons condamnés par notre errance culturelle à devenir la proie des cultures dominantes imposées par les puissances hégémoniques.». Pour le chef de l'Etat, les différences de cultures «doivent appeler à la tolérance et à un dialogue pacifique entre les religions et entre les civilisations, auxquels aspire tout homme épris de paix et de sagesse». Une invitation au dialogue des civilisations. «Nous serions impardonnables de ne pas prêter attention à ce qui se passe autour de nous dans un monde où des continents entiers s'unissent et se transforment par l'intelligence, l'initiative et la créativité, un monde qui ne laisse pas de place aux faibles et aux retardataires». Dans une critique à peine voilée des régimes arabes, dont l'Algérie, M.Bouteflika a estimé que «la disparition de l'Etat-providence» a appauvri les populations, tandis que «l'effacement de l'idéologie et de la culture officielles impulsées par l'Etat-nation les a provisoirement privées de repères», poursuit le chef de l'Etat. S'adressant aux intellectuels, écrivains et artistes, le président Bouteflika lance: «Notre élite ne peut mériter ce nom que si elle a une compréhension intime de son siècle et qu'elle se place au premier rang des constructeurs de l'avenir...» En somme, le chef de l'Etat appelle la nation arabe à réviser son passé proche et lointain, en vue de trouver une issue pour sortir du sous-développement. Par ailleurs, M Bouteflika n'a pas manqué de rappeler la spécificité de la culture algérienne, qui constitue un brassage de civilisations millénaires. Il rappellera, également, que l'ouverture de «l'année de la culture arabe en Algérie», coïncide avec le Nouvel an berbère «qui commémore l'intronisation du pharaon berbère d'Egypte, Sheshnaq I, il y a 2957 années est, à la fois symbole et rappel de cette diversité, gage de la vitalité de la culture.»