Aujourd'hui sera annoncé le verdict du procès de l'ancien président irakien qui pourrait être une condamnation à mort. Dans la perspective de l'annonce du verdict du procès de l'ancien président irakien, Saddam Hussein, qui risque la peine capitale, et de ses sept coaccusés, qui tombe aujourd'hui, l'Irak a été mise en état d'alerte. C'est ainsi qu'un couvre-feu a été instauré sur la capitale Baghdad et dans les provinces de Diyala et de Salaheddine (au nord de Baghdad, les plus touchées par l'insurrection) alors que l'armée irakienne, mise sur pied de guerre, est consignée dans les casernes. C'est aujourd'hui donc que Saddam Hussein connaîtra la sentence du Haut tribunal pénal irakien, spécialement créé pour juger l'ancien président et ses principaux coaccusés dans le procès de l'affaire du massacre, en 1982, de 148 chiites du village de Doujaïl. Dans l'affaire de Doujaïl, Saddam Hussein risque la peine capitale, jugement qui est de fait très attendu dans le monde. Mais le verdict risque aussi d'avoir des retombées dangereuses pour l'Irak en butte à une guerre civile depuis l'invasion américaine de mars 2003. Saddam Hussein, 69 ans, et ses sept coaccusés ont été jugés du 19 octobre 2005 au 27 juillet 2006 devant le Haut tribunal pénal irakien (Htpi), installé dans le quartier fortifié de la zone verte à Baghdad. Le procès dit de «Doujaïl», pour lequel, Saddam Hussein est poursuivi est le premier de la série de procès qui lui sont intentés, comme celui en cours de l'affaire Anfal (massacre de plusieurs milliers de Kurdes) dans lequel il est également passible de la peine de mort. «Doujaïl» est, en fait, le moins-disant de cette série de procès, mais qui peut néanmoins coûter la vie à l'ancien président irakien. Au total, le tribunal a tenu 40 audiences et entendu 130 témoignages. Le 19 juin, le procureur général, Jaâfar Al Moussaoui, a requis la peine de mort contre l'ex-président, son demi-frère, Barzan Al-Tikriti, ancien chef des renseignements au moment des faits, et l'ancien vice-président, Taha Yassine Ramadan. Cinq autres accusés parmi lesquels Awad Ahmed Al-Bandar, un ancien juge qui a présidé le tribunal révolutionnaire dans l'affaire de Doujaïl, connaîtront également leur sort aujour-d'hui. Le procès de Saddam Hussein -premier chef d'Etat arabe à être jugé dans son pays pour des crimes commis contre son peuple- a été marqué par maints incidents, alors que les juges étaient accusés de partialité. D'ailleurs, dès l'ouverture du procès, le 19 octobre de l'année dernière, Saddam Hussein a rejeté la légitimité du tribunal et refusé de plaider coupable ou non-coupable à l'issue du procès. Ses autres coaccusés se sont tous proclamés innocents. Toutefois, la condamnation à mort de l'ancien président irakien risque de poser plus de problèmes au peuple irakien qu'elle n'en résoudra. C'est ainsi que le principal avocat de Saddam Hussein, maître Khalil Al-Doulaïmi, dans une lettre adressée au président américain, George W.Bush, a averti que «La condamnation à mort mettra l'Irak à feu et à sang et mènera la région vers l'inconnu», affirmant, d'autre part, que «la seule solution pour sauver l'Irak, la région et le monde était de libérer Saddam Hussein». De fait, les avocats de Saddam Hussein qui ont boycotté à plusieurs reprises les audiences du procès, estimant que celui-ci n'avait pas toutes les garanties d'un jugement impartial, seront, en revanche, tous présents aujourd'hui au Haut tribunal pénal irakien pour assister au premier verdict concernant l'ancien président irakien malgré les menaces dont ils auront fait l'objet, a indiqué Me Al-Doulaïmi. Celui-ci a, d'autre part, déclaré que «si le tribunal veut agir légalement, ce qui semble exclu, il doit accepter de recevoir les documents de la défense, et que les avocats puissent faire leur plaidoirie». En tout état de cause, la journée d'aujourd'hui ne sera pas pour les Irakiens une journée ordinaire qui sera marquée par un couvre-feu «exceptionnel» instauré à Baghdad et dans les provinces sunnites du pays, alors que l'armée est consignée et les permissions des soldats suspendues. Explicitant les mesures prises, Mouaffek Al Roubaï, conseiller irakien à la sécurité nationale, a indiqué, hier, que «le gouvernement irakien va imposer un couvre-feu à Baghdad et dans les provinces de Diyala et de Salaheddine» M.Roubaï n'a pas précisé cependant les modalités de ce couvre-feu. La circulation automobile est déjà interdite à Baghdad entre 21h00 et 06h00 (18h00 et 03h00 GMT). «D'autres mesures de sécurité sont envisagées», a-t-il encore ajouté, sans autres précisions. De son côté, le ministère irakien de la Défense a placé, vendredi, l'armée en état d'alerte et annulé toutes les permissions en prévision du verdict attendu aujourd'hui «Les permissions ont été annulées et les unités ont été mises en état d'alerte pour prévenir d'éventuels événements» liés à ce procès, a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Ibrahim Chakir. Toute l'Irak est suspendue au verdict qui sera donné aujourd'hui, et il risque bien d'y avoir l'avant et l'après-sentence concernant Saddam Hussein et ses coaccusés.